C'est seulement du rock and roll, mais on aime ça !
Bonjour monsieur it's only rock and roll ! (la fille elle parle aux albums des Stones, la fille.)
Vous, on peut dire que d'entrée, vous donnez le ton. It's only rock and roll but I like it. Là, si on n'a pas compris le message, on est bouchés.
En gros, c'est "ok, on a compris, la musique et la danse ne changeront pas le monde, on renversera pas l'ordre ancien pour mettre...rien, à la place. (Rien c'est bien) comme le disait Mick. (et ceux qui ont le moindre doute se référeront à "Dance with the devil.) Donc, fini le vieux monde qu'on va foutre en l'air, de toute façon on est trop riches/trop queutards/trop défoncés pour ça. Désormais, ce sera juste le rock and roll. Mais on continuera à aimer ça.
Vous, c'est clair, je vous aime bien. Pas à la folie, moins que votre grand frère "exile on the main street" mais un peu plus que votre petit frère "some girls."
Explorons un peu qui est avec nous....
1) Vous démarrez par un rock, ma foi bien sympa, reprenant le procédé de "exile" qui consiste à en mettre pleins les oreilles dès le début. C'est une bonne idée, mais elle peut lasser. Enfin "if you can't rock me met la pêche, c'est ce qu'on lui demande, après tout.
2) Ain't to proud to beg. Vous continuez par ce condensé assez "blues brothers", je dois dire. On s'attend presque à voir Elwood et Jack pirouetter. Un très bon deuxième morceau, plutôt optimiste, ce qui n'est pas le cas de l'album dans son ensemble.
3) It's only rock and roll (but I like it.) Là, on arrive au grand morceau. Un tube immense, multi cité, multi repris...un d'un pessimisme noir. Suicide sur scène, solitude du pauvre garçon qui chantait du rock and roll dans un groupe et se rend compte qu'il est seul et un peu fou,(he'sinsane...) maladie mentale qui règne, presse people traqueuse qui attend la chute....tout ceci ne vous rappelle personne ? Bowie, bien sur ! Pas de surprise, il a participé à l'élaboration du morceau lors d'une "séance de travail informelle." Et le triste constat du refrain finalement : tout ceci n'est que du rock and roll. Mention spéciale à Jagger qui chante très bien la bouche pleine. (ok, je sors...) Et mon intro préférée, tout morceau confondu.
4) Till The Next Goodbye. Une jolie balade mélancolique, dans le ton nostalgique de l'album. La séparation, la tristesse, mais l'amour toujours présent, malgré tout.
5) Times wait for no one. La splendeur. Une petite fantaisie pour guitare et piano conçue par Mick Jagger et Taylor et son chant de cygne (hélas trois fois hélas. Dire qu'il était VRAIMENT un Rolling Stone !) Pas crédité sur l'album, (sans blague ?) Taylor finira par en avoir marre; (on peut le comprendre.) Il nous reste cette petite merveille, trop méconnue sur le temps qui passe et ne s'arrête pour personne, malgré l'argent et la célébrité. Un manifeste d'humilité assez rare chez les Stones qui n'a rien perdu de son charme. Ce genre de merveilles n'existe plus depuis le départ de Taylor. Pas sur que Mick (Jagger) ne soit pas celui qui y ait le plus perdu. Mais prenez le temps d'écouter la rivière de notes que Taylor distille..et versez des torrents de larmes.
6) Luxury : J'aime plutôt bien ce "luxury" qui fait parler le "salt of the earth" toujours avec un brin d'ironie. C'est là qu'on voit que les Stones sont parfois passés près de finir comme U2. Heureusement que leur cynisme les a toujours gardé loin de l"engagement. Oui, je les préfère comme ça. Ceci dit, la phrase "je travaille dur pour vous garder dans le luxe"" me plait beaucoup. Et mention spéciale aux allusions aux compagnies pétrolières....décidemment, l'a une dent contre, le Jagg...
7) Dance little sister. La preuve qu'entre deux fixes, Keef a trouvé le chemin du studio. (Au passage, je suis un peu agacée par les constants 'là on voit que Keith était bien là." Oui, vous savez que c'est un peu son job, en fait...) Le riff, y'a pas c'est bien lui. Ca vous remue le tutu, ça fout la banane..ma foi, que demander de plus ? Un appel à la danse et au sexe, perso, ça me va.
8) Alors là, tout se complique. Un slow si sucré qu'ils vous collent des caries. Je zappe à la vitesse de la lumière. (Ceci dit me demande à qui elle s'adresse...c'est pas grave, c'est quand même naze surtout avec le côté 'stand by your man" du texte..(le morceau préféré de la section cuivre, au cas où vous l'ignorerez.)
9) Short and curlies. Visiblement Keith est resté dans le studio après "dance little sister" et a pondu ce blues ironique sur un mec que sa femme "tient par les couilles." (me demande de qui il parle...) Sympa, moqueur, mignon...ça me va.
10) Fingerprint files. Si on m'avait dit qu'un jour, j'aimerais le funk et que ce serait les Stones qui me le feraient aimer; Un morceau sexuel et sexy qui donne envie de se remuer le tutu et pas forcément sur une piste de danse. Il sonne un peu comme le "sweet thing" de Mick Jagger, beaucoup comme du James Brown. C'est moite, brûlant comme le son du studio 54, tendu comme le climat de l'époque où Lennon, Jagger et quelques autres s'étaient retrouvés sur la liste noire de Hoover pour "activités anti américaines" et donne envie de se foutre à poil sur une plage. Indispensable et en plus, ça se paie la tronche d'Edgar Hoover et du FBI. Classe.
Voilà ce que vous donnez, monsieur it's only rock and roll ? Eh bien, c'est pas si mal. Dommage que vos chieurs de papas n'aient pas su retenir Mick Taylor et aient fait entrer ce clown alcoolique de Woods à sa place. Mais son fils pourra au moins dire "Papa was a Rolling Stone."