iTunes Festival: London 2013 (Live) par Hugo Harnois
Sigur Rós. Zénith de Paris. 27 février 2013.
Pourquoi parler de musique dans un site consacré au Septième Art ? Parce que Sigur Rós n'est pas un groupe comme les autres, et parce qu'il ne se limite pas à la musique. C'est bien plus que cela. Il était donc temps que Septième Sens y porte un regard attentif.
Un rideau transparent entoure la scène et sert d'écran derrière lequel le groupe se protège, mais aussi derrière lequel il se livre. À la manière d'une projection cinématographique, trois interprètes principaux dominent la scène. Leurs corps sont prolongés par une basse, une guitare et une batterie. Plusieurs seconds rôles les accompagnent et donnent à l'ensemble de l'œuvre une cohérence totale. Si ce concert peut être comparé à un film, c'est également parce que le groupe choisit l'image animée comme toile de fond. Le mouvement des corps, le mélange des couleurs et cette sensation d'être envouté établissent un parallèle insoupçonnable avec la prestation musicale qu'ils sont en train de nous livrer. Un jeu d'ombres et de lumières provoqués par le corps des artistes prouvent que l'expérience islandaise est aussi visuelle que sonore.
L'air, l'eau, la terre, le feu. Quatre éléments fondateurs sur notre Terre que Sigur Rós célèbre à travers le lyrisme de leurs chants, mais aussi grâce à des images flirtant constamment avec la nature. Une nature qui semble encore vierge et dénuée de toute trace humaine. Une nature que l'on ne peut trouver qu'en Islande, chez eux. La clé de la réussite pour un acteur tient souvent du fait d'être le plus simple possible pour rester crédible. Le chanteur Jonsí fait de même, il reste sincère du début à la fin et la musique qu'il compose ne souffre d'aucune fausse note. Rien n'est à ajouter, rien n'est à enlever. À l'image d'une oeuvre cinématographique qui serait dotée d'un montage remarquable, où l'on aurait l'agréable sensation que chaque plan compose, au final, un tableau cohérent.
Au bout de quelques morceaux, le rideau tombe et dévoile un groupe généreux, sérieux et ô combien appliqué dans leur tâche. Tout bon film doit avoir un dénouement à la hauteur des attentes suscitées. Pas de doutes, Sigur Rós remplit sa tâche avec brio en livrant une scène finale mémorable. La toile de fond derrière les artistes nous offrent une image décomposée, la lumière projetée sur eux se sature, et leurs partitions s'envolent vers des mondes encore inconnus, pour ne plus jamais redescendre.
Ce n'est plus de la musique. Ce n'est pas unique. C'est ...
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