Quatre queues molles sous le soleil californien.
Quelques fois, le coup d'éclat n'est qu’éphémère.
En 1994, The Offspring, groupe partiellement inconnu ayant déjà desservi le monde de la musique de deux albums très faibles et peu engageants, explose avec le formidable "Smash" qui s'impose comme une référence et signe ainsi le retour en force du Punk. Pas un Punk british comme ce fut le cas dans les années 70, ni un Punk très orienté Metal (The Exploited, pour n'en citer qu'un) mais un Punk très Pop dans son approche. Rappelant une Californie ensoleillée aux bimbos superficielles et skateurs mécheux. Bref, un nouveau monde.
Mais voilà. Le succès, comme le talent, s'arrête un jour. Même si "Ixnay On The Hombre" trouvera un certain succès, c'est la descente infernale au niveau de la composition.
The Offspring donne la mauvaise impression de vouloir recréer un "Smash" bis", alignant des titres assez semblables qui sonnent comme de pâles ressuscités du précédent opus. Les titres rapides et joyeux (forcément) comme "The Meaning Of Life" laisse vraiment à désirer, ne distillant aucune magie. Le reste de l'album est dans la même optique : The Offspring radote et n'arrive jamais à avancer correctement malgré une bonne volonté évidente (les cœurs sur "Cool To Hate", pitié...) . Certes, évoluer n'est pas un gage de qualité, mais quelques fois, répéter jusqu'à l'infini la recette du succès vire carrément au foutage de gueule. "Ixnay On The Hombre", c'est souvent ce sentiment. Même les excellents titres ("Mota", qui donne envie de sauter un peu partout, le très court et efficace "Leave It Behind" aux riffs acérés) ne proposent strictement rien de nouveau, et semblent forcés, comme si le quatuor voulait à tout prix creuser dans la veine qui leur a permis d'exploser. On tombe, malheureusement, dans la parodie.
Pourtant, The Offspring essaye d'expérimenter comme avec "Don't Pick Up". Ce dernier fait office d'OVNI sur l'opus, avec un rythme quasiment ska et une bonne humeur communicative. Et putain, c'est quasiment salvateur. Et ouais, se taper trente minutes de Pop-Punk sans originalité (sans être forcément mauvais), c'est assez gonflant. Heureusement, "Don't Pick Up" n'est pas la seule chanson permettant de souffler. Deux chansons se distinguent clairement et s'imposent comme des pépites. Et vous savez quoi ? Ce sont les moins rapides ! La première se nomme "Gone Away" et semble être la petite sœur de "Self Esteem". La chanson sonne très 90's et distille une certaine dépression, grâce à un magnifique refrain où Dexter Holland signe une de ses meilleures performances. "Gone Away" est peut-être une des compositions les plus représentatives des années 90, à l'époque où le Rock explosait par mille chemins différents. Mince, pourquoi suis-je né en 1996 ?
La seconde se trouve en fin d'album. "Amazed", dans sa structure, est assez similaire à "Gone Away", à la différence que le côté sombre est un brin plus exploité (les lignes de basse). Purement Rock, elle redonne un peu de baume au cœur. Cela change du raté "Change The World" qui conclut l'opus de manière horriblement poussive.
"Ixnay On The Hombre" est un album très moyen, qui n'est sauvé qu'avec quelques chansons qui, soit rappellent le passé de manière agréable (époque "Smash", donc), soit proposant une maturité plus flagrante et bienvenue.
The Offspring a été touché par le succès, dans tous les sens du terme et se mord la queue. Malheureusement, ça ne sera pas la dernière fois.
(critique publiée simultanément sur le site Forces Parallèles sous le pseudonyme KingKilling)