Josman, c'est qui ?
Un mec ordinaire de Vierzon qui s'est téléporté dans le bitume d'Aubervilliers. Un physique et un look à la Travis Scott, une gueule pas commode mais au fond c'est un bon gars. Et puis, il a pas l'air de vouloir trop se mélanger, il fait vivre son trip musical dans l'ombre du show business.
"J.O.$", c'est quoi ?
C'est la fusion parfaite entre la force tranquille de Josman et le talent ravageur, mais minutieux, d'un beatmaker du nom de Eazy Dew. En fait, comment je vois la chose c'est assez simple : Josman se distingue d'après moi grâce à sa facilité à jouer avec les mots, à les faire swinguer, tout ça avec une aisance redoutable et très proche de ce qui se fait dans la scène rap américaine. La production de ce projet est incroyable, les instrumentals sont très lourdes, planantes, originales et Josman ne leur laisse aucune chance, il les a toutes pliées les unes après les autres.
Josman est né pour faire du rap. Déjà, en 2013 il avait battu ses adversaires au "End of The Week", une cérémonie d'improvisation qu'il avait naturellement gagné. Le rap pour lui c'est facile, et ce serait mentir que de dire le contraire. Il nous l'a prouvé sur ses précédents projets (Matrix, 000$...) avec de gros sons bien vénères ou des morceaux plus doux, des paroles à la fois simples, légères mais qu'il parvient à amplifier avec sa voix et sa manière de les appuyer sans trop forcer. Il n'y a pas toujours des lyrics très recherchés ni profonds, mais sa réussite est découpée entre plusieurs choses, déjà sa force vocale puis son dévouement à créer son propre univers, obscur, parfois démoniaque, déchiré par de nombreux sentiments et des clips salement propres.
Et donc ?
Son premier album témoigne d'une réelle volonté de la part de Josman, cette volonté de se faire plaisir autant à lui-même qu'à ceux qui l'entourent. Aborder des thèmes comme la religion, les divinités, les drogues sous toutes leurs formes, l'argent, l'amour, les putes, la rue... sans jamais abuser des clichés et s'éloignant des stéréotypes en affirmant un style unique. Un style qui s'inspire aussi de certains rappeurs, tant pour son flow (Booba - Temps Mort) sur le morceau "L'Occasion" par exemple, que pour son ambiance visuelle et musicale (Joke), reprenant quelques codes de la nouvelle génération des U.S.A.
Ses rimes, ses métaphores et ses assonances pour faire vivre sa vision du monde... ce sont des armes qu'il maîtrise et elles le caractérisent à merveille. Josman n'est pas un flambeur, il n’hésite pas à faire son auto-critique. Ses auditeurs ne sont pas du genre à faire chier leur monde en le faisant passer pour un génie, son public est à son image : posé, réfléchi, recentrés sur eux-mêmes mais ouverts sur le monde, blessés par des gens qu'ils ont beaucoup estimé, mais des douleurs entassés pour se forger un mental de battant et se relancer, éternellement, jusqu'à que ça marche. C'est le cas de Josman, du moins de ce que j'ai ressenti dans ses textes; c'est aussi mon cas et pour pas mal de personnes qui l'écoutent. Son album pourrait paraître anodin pour les autres, mais légendaire pour nous pauvres crapules inoffensives.
Josman est un rappeur qu'il va falloir suivre de très près, il n'a pas fini d'évoluer et de perfectionner son art. Peut-être que le temps lui donnera raison, car c'est un album qui peut ne pas être compris aux premières écoutes. En tout cas, moi j'ai été frappé direct. Upercut dans ma mâchoire et tympans qui sifflent.
Longue vie J.O.$. !