Avant de commencer cette critique, je me sens obligé de rappeler un peu le contexte, au niveau personnel. J’avais adoré Jours Etrange, God Blesse et Debbie. Faut dire que j’avais 17 ans quand j’ai découvert Jours étranges, et 21 ou 22 ans quand Debbie est sorti. C’était l’époque bénie de la post-adolescence et de mes années d'étudiant, celle où j’avais enfin mon autonomie et pas encore de responsabilités, où le seul souci que j’avais, c’était de savoir dans quel bar et avec qui j’allais passer son vendredi soir. Et oui, à cette époque, Saez était un de mes chanteurs préférés, capable d’alterner rock énergique et jolies ballades.
Et puis, en 2008, la déception. Varsovie/L’Alhambra/Paris, le triple album de la mort, chiant comme la pluie, musicalement pauvre, textuellement fade, sans énergie, à peine acheté, à peine écouté, à peine rangé et plus jamais réécouté. Oui, ce triple album m’a fâché avec Saez.
A la sortie de J’accuse, je me suis dit « mouais, je sais pas si je lui redonne une chance ou non ». Et j’ai vu une interview (donnée à Frédéric Taddeï de mémoire) au sujet de la polémique sur la pochette de l’album. J’ai vu un Saez ressemblant à un clochard hagard mal lavé, qui ne ressemblait à rien, s’indigner mollement et surjouer la provocation, dans une posture qui m’a rappelé les « ronds de cuir » d’un autre chanteur aux cheveux gras quelques années auparavant.
Autrement dit, j’étais tellement déçu par le « nouveau Saez » que je n’ai pas acheté J’accuse, et que j’ai refusé de l’écouter pendant plusieurs années. Jusqu’à récemment. J’ai voulu redonner une chance au chanteur de ma post-adolescence, et j’ai fini par écouter J’accuse.
Très franchement, je ne peux pas dire que j’ai été déçu, tellement je n’attendais plus grand-chose de la part de Saez. J’accuse est certes mieux que Varsovie/Alhambra/Paris, mais il reste très clairement en dessous des trois premiers albums. A part les deux chansons Lula, j’ai trouvé les chansons chiantes. Musicalement moins percutantes que sur ses premiers albums. Vocalement sa voix est encore plus trainantes qu'avant - ça me donne même l'impression qu'il se caricature lui-même.
Et puis au niveau des textes, au secours. Le fil rouge semble être devenu « les jeunes maintenant, c’est tous des cons égoïstes et des merdeux superficiels, c'était mieux quand moi j'étais jeune, je leur crache à la gueule ». Lui qui chantait du temps des premiers albums une certaine forme de positivisme et d'espoir vis-à-vis de la jeunesse (« Fils de France », « Menacés mais libres », etc...), et bien sur cet album, il me donne l’impression de ne plus vraiment être « jeune et con » , mais plutôt d’être devenu un « vieux con »…
Bref : autant dire que je vais encore attendre quelques années avant de me décider à écouter Messine et Miami... Prochaine critique de Saez en 2020 environ, donc...