Miles Davis : Jack Johnson 1971
"I'm black.They never let me forget it. I'm black all right. I'll never let them forget it."
C’est par cette phrase forte du Boxeur Jack Johnson interprété par l’acteur Brock Peters dans le film documentaire retraçant sa vie que se clôture cet album.
Deuxième bande originale de film composée par Miles Davis après celle acclamée d’Ascenseur pour l’échafaud en 1958 devenue culte.
Cet album, beaucoup moins connu que ce dernier mérite pourtant qu’on s’y attarde.
Coincé entre son légendaire Bitches Brew qui révolutionna le Jazz fusion en 1970 et On the Corner qui sera un de ses brillants albums Jazz Funk en 72.
Celui ci se situe dans un Jazz fusion a tendance rock, à forte infusion de black culture.
On entendra ça et là des emprunts de son enregistrement d’In a Silent Way paru en 1969 ( qui fut son réel premier disque de Fusion ) mais aussi un relatif emprunt à Sly and the Family stone ainsi que la ligne de basse du « Say it Loud I’m black and i’m proud » de James Brown. Miles Davis recycle oui , mais Miles Davis transcende, comme souvent, dans cette période faste de l’artiste ou visiblement tout ce qu’il touche se transforme en chef d’œuvre.
Étant fan de Boxe et lui même boxeur amateur et étant évidemment sensible à la cause que le film défend, on le sent investit d’une mission sur ce disque.
L’alchimie avec ses musiciens (pour la plupart déjà présents dans Bitches Brew et In a Silent Way) et le nouveau venu Billy Cobham à la Batterie sur le premier titre, est parfaite comme toujours avec Miles. Car sa force résidait bien là.
Plus qu’un trompettiste de génie, il était également et surtout quelqu’un qui laissait la « place » à ses musiciens de s’exprimer pleinement et d’en tirer le meilleur.
Cet album est un des plus grands « petits » albums de Miles.
Faute de promotion suffisante à l’époque et aussi noyé dans une discographie pléthorique, l’album n’aura eu que peu de retentissement auprès du public. Largement réhabilité aujourd’hui, il est de bon ton de répéter que ce disque est presque aussi essentiel que ceux cités dans cette chronique.