31 ans. Higelin ne le sait pas encore mais il enregistre là son dernier album pour le label Saravah. En effet, invité à faire la première partie du groupe "Sly & the family stones" à l'Olympia, le voilà qui arrive tout vêtu de blanc, seul avec un accordéon. La réaction est immédiate: chahuts, jets d'objets divers. Il quitte la scène rouge de colère et promet de revenir un jour, "mais pas tout seul". Pierre Barouh, par amitié, déchirera son contrat Saravah sans poser de questions et le laissera libre de partir vers d'autres horizons textuels et musicaux.
Pour ce qui est de l'album, la première face est formidable (on y entend même la voix du très jeune Arthur!), la folie enfantine est presque partout ("I Love The Queen", "Tiens J'ai Dit Tiens"), tout comme la rébellion déjà audible dans certains titres des albums précédents. L'émotion est également bien présente ("Je Suis Mort Qui, Qui Dit Mieux") ainsi que le début d'une certaine colère ("Aujourd'hui Blues"). La seconde face, un seul titre instrumental de vingt minutes, n'est malheureusement pas à la hauteur et confère à l'ennui plus qu'à autre chose. C'est donc à un album bicéphale et en déséquilibre qu'Higelin nous convie. C'était si bien parti et du coup, c'est un peu dommage.