Honnêtement, si le type qui a (co-)écrit et interprète ces chansons n'était pas un jeune brit à peine majeur, quelqu'un se serait-il intéressé à cette sage collection de morceaux folk (acoustique) qui respecte totalement les codes (américains) du genre, codes que, faut-il le rappeler Dylan a été le premier à vouer aux gémonies il y a presque 50 ans de cela ? Oui, il y a une poignée de jolies chansons ici, à l'écriture soignée, aux parole "mûres", aux mélodies agréables, et l'on peut facilement admettre que quelqu'un qui ne se serait pas intéressé au "folk" depuis des lustres - ou quelqu'un qui le découvre ici - soit charmé. Oui, Jake a un joli brin de voix, comme si Alex Turner prenait l'accent américain pour imiter le ton nasillard du jeune Dylan... mais une fois de plus, on est ici dans la citation, la redite (assumées, certes, mais est-ce une excuse ?). Je suis désolé, mais, sans même parler de retourner écouter le jeune Dylan qui était - évidemment - d'une autre trempe, il y a en ce moment sur la planète une bonne centaine de chanteurs-compositeurs folk qui font de bien meilleurs albums que "Jake Bugg" et mériteraient de vendre autant d'albums. Pour terminer ce coup de gueule de manière positive, il y a deux chansons sur cet album, "Taste It" et surtout "Seen It All" qui voient le jeune Jake arrêter de faire le mariole, et jouer de la musique ANGLAISE électrique, dans la droite ligne des Arctic Monkeys : ce sont de loin les deux titres les plus excitants de l'album, et c'est, j'espère, la route que Jake suivra maintenant qu'on l'a bien remarqué, pour toutes les mauvaises raisons. [Critique écrite en 2013]