Anthony Gonzalez, aka M83, est un compositeur à part qui possède un univers riche et diversifié. Ses précédents albums ont permis d'étoffer son style en proposant une histoire à chaque album. Comme un conte que l'on raconterait à un enfant avant de le coucher. Il est aujourd'hui incontestable de dire que M83 est un artiste –qui à la base était un groupe mais qui pour ce nouvel album a donné plus de sa personnalité– extraordinaire et très complet.
L'impression que j'avais avec ses précédents albums est qu'il voulait raconter son ressenti en musique. Avec Hurry Up, We're Dreaming, la barre était très haute et je pensais qu'il était impossible de faire mieux. Malheureusement, Anthony ne m'a pas prouvé le contraire. J'étais sceptique la première fois que j'ai entendu Do It, Try It mais après des dizaines d'écoutes, j'ai commencé à l'apprécier. J'ai accroché directement avec Solitude et Go! car ces deux derniers restaient dans la lignée de ses précédentes œuvres. Ces trois morceaux révélés les semaines avant la sortie de l'album m'ont fait garder espoir.
Me voilà donc avec Junk, prometteur. J'ai commencé à voir un peu ce que voulais raconter l'album, seulement, dès la troisième musique Walkway Blues j'étais laissé de côté. J'avais l'impression qu'il n'y avait aucune suite logique dans l'histoire. Ainsi en enchaînant les pistes, j'ai compris qu'il n'y avait aucune logique. J'étais déçu. C'est comme si l'album était un ensemble de musiques pop/rock/indie avec des aspects cheap qui, s'ils peuvent parfois rendre bien, deviennent souvent lourds et surfaits.
Passé le constat "il n'y a pas d'histoire", j'ai dû écouter l'album pour ce qu'il était vraiment: une compilation de titres pensés de manière nostalgique. Les années '80 sont très encrées dans l'esprit de l'album et on pourrait vraiment y voir un film racontant une histoire se déroulant dans le futur sorti dans ces années-là tel que –à tout hasard– Blade Runner. C'est l'effet que j'ai eu, du moins. Les saxophones criant dans les rues d'une ville salle, c'est un peu ce que veut dire M83 dans l'album. En revanche, dans le contexte de ce dernier, ils semblent plutôt n'être que de simples saxophones criant de manière sporadique. Ce qui est dommage et légèrement humoristique.
Ainsi, je ne peux pas détester cet album car les musiques ne sont pas horribles, loin de là, mais un peu hors contexte. Comme s'il s'agissait d'un nouveau départ pour M83, avec un autre univers. Je dirai même qu'il y a deux façon d'aborder l'album: soit vous l'écouter en pensant qu'il entrera dans l'univers mis en place grâce aux autres musiques et vous risquez d'être déçu, soit vous l'écouter en ayant conscience qu'il s'agit juste de musiques agréables et quelque peu aléatoires.
En conclusion, ce n'est pas un mauvais album. C'est juste un passage dévié par rapport à la discographie d'Anthony Gonzalez. Il n'y a grossièrement pas de musiques qui gâchent l'album, seulement des titres plaisants sans prétentions qui ont été fait par un nostalgique. Il est difficile de mettre une note là dessus. Gardez en tête qu'il ne pourra pas plaire à tous les fans, mais si vous êtes assez ouvert d'esprit pour accepter le fait que Junk est très différent que ce que propose habituellement M83, vous devriez vous y faire.