Les fidèles tendaient leurs bras vers les cieux, leurs corps ondulaient avec lenteur imprimant dans le temps des cahots flamboyants comme si cet acte de dévotion ultime pouvait distordre la trame du passé en s'accordant au présent pour conjuguer le futur. Le temps n’a pas d’importance il est une infime parcelle du néant qui le boit ou le crache comme un enfant tourmenté arrache les ailes d’une mouche. Son insignifiance n’a d’égale que la bouffissure égotique d’une humanité infinitésimale. Le temps frissonnait sentant comme le chien trouve une piste oubliée, prévoyant comme un devin apeuré, les convulsions, essayant d’anticiper les fissures qui pourraient le déchirer.
Parfois les mains ouvertes, implorantes se frôlaient, se caressaient vaguement comme une Mer calme qui monte et descend sur la grève et l'air vibrait électrisé par ces mouvements incantatoires, par la dissolution progressive de la conscience et de la matière. Les pieds des séides semblaient s'enfoncer irrémédiablement dans le sol sableux mais ces corps soubresautiques qui s'acheminaient lentement vers une folle extase résistaient portés par un rythme cosmique qui les soustrayait à l’enfouissement, à l'anéantissement. La sueur ruisselait des visages telle une eau impie…donner son eau...fondre. Dans la joie de ce moment, cette liesse irréelle, les visages, toute civilisation confondue, viraient à l’incarnat. Sur les faibles corps dévêtus dévoilant une franche et naïve nudité comme sur les multiples faces maintenant toutes semblables des cernes profonds s’affichaient. Malmené par une houle montante chaque corps se recroquevillait, s’affaissait sur lui-même et se regonflait en intermittences effroyables. Toute la foule assemblée en cercle devant le tertre majestueux vibrait, fluait et refluait encore et encore. Au cœur d’une obscurité mortuaire la voûte céleste brillante scintillait de millions de feux et l'on voyait clairement la trame astrale se déformer en un maelstrom ineffable.
Alors tout à coup venant des profondeurs de la Terre ou des confins du Cosmos les sons envahirent l’espace.
Magma produit une musique typée extrêmement riche et inspirée qui cherche d'une manière obsessionnelle à monter aux cieux. Transsubstantiation musicale ou extase sonore confinant à la magie, sorte de voyage onirique à travers les étoiles du grand tout.
Telle une Walkirie sur un Pégase flamboyant Christian Vander, rare batteur compositeur iconoclaste et ses acolytes tout aussi atypiques chevauchent des sons faits de choeurs lyriques d'un opéra grandiloquent, d'une sorte d'atemporalité musicale, d'une emphase constante conduisant vers une transe mystique, d'un univers fleurant des guerres sauvages ou des batailles épiques Wagnériennes.
Ainsi Magma après nous avoir asservi à sa transe fantasmagorique, nous emportera vers les cieux pour nous dissoudre dans le néant cosmique de l'Univers (Walomendêm).
Le Zeuhl ou "Ancestral Classique Rock" est né ouvrant ainsi au début des seventies une nouvelle veine dans le Rock Progressif.
En Kobaïen Zeuhl = musique céleste, musique des forces de l’univers