...aux néophytes du groupe.
Et pourtant ! Pourtant Kaleidoscope est le meilleur album de la formation post-punk.
Voilà l'affaire : Siouxsie and the Banshees a sorti 11 albums entre 1978 et 1995. Ce fut un groupe phare des années '80, passant à travers la décennie en meilleure forme que quiconque. Pas de scandale du genre "la musique pervertie la jeunesse" (Twisted Sister). Pas de démesure comme le rock'n'roll circus à la Mötley Crüe et Kiss. Pas non plus de conflits médiatisés à outrance façon The Police ou Def Leppard et encore moins de mort célèbre (AC/DC, Metallica). Loin aussi de la carrière éphémère d'un Wham! ou d'un Men At Work. Et rien à voir avec la débandade de nombreux combos issus des 60s/70s (The Kinks, Alice Cooper, Kiss (encore), 95% des groupes progressifs, etc.). Autrement dit, il faut comprendre que Siouxsie and the Banshees est l'une des formation les plus professionnelle et dévouée à leur art que les 80s aient vu jouer.
Rétrospectivement et avec cette optique, il devient beaucoup plus aisé de saisir l'ampleur de l'oeuvre des Banshees et de leur Siouxsie de leader. Navigant dans les eaux changeantes, troubles et souvent fatales de l'époque néon et vinyle avec une candeur rare, le band a produit une discographie d'une exceptionnelle richesse, aussi diverse que profonde.
Les plus grands groupes et artistes un tant soit peu importants finissent par traverser une période plus creuse ou difficile. D'éminents artistes tels que les Stones, Bowie et Dylan l'ont vécu. D'autres musiciens légendaires - plus rares- ont su limiter ce creux en un seul album, vite oublié (Yellow Submarine, A Momentary Lapse of Reason). Ceux-ci sont l'exception. Mais Siouxsie Sioux créer un précédent, encore inégalé : tout au long des 11 albums qui ont ponctués leur vingt ans d'existence, aucun d'entre eux n'est mauvais, aucun n'est ordinaire et aucun n'est même anecdotique. Une traversée sans faute dont l'apogée se nomme Kaleidoscope.
Ce disque, aussi pertinent en 2014 qu'en 1980, miroite en 11 titres toute la profondeur et la richesse de la discographie du groupe, 35 ans plus tard. Kaleidoscope est varié, passant du pop-punk (Hybrid) à la house avant l'heure (Red Light), référencé (Christine, reprenant l'histoire du film "The Three Faces of Eve" avec une classe inouïe), fait montre d'une maîtrise encore inégalée du style new wave de l'époque (Happy House) et trouve le temps de dénicher ce qu'il y a de plus splendide et grandiose en terme de musique (Lunal Camel, Desert Kisses).
Je considère Kaleidoscope comme un album parfait, du genre qui apparaît une fois par décennie tout au plus. Cependant, l'oeuvre de Siouxsie and the Banshees ne saurait s'apprécier qu'en écoutant ce qu'elle a de plus parfait, de plus abouti. Mais merde que ce long jeu en vaut la chandelle ! Qui tâte pour la première fois de la musique du groupe londonien risque de se perdre dans ce disque en effet kaléidoscopique, tellement tellement kaléidoscopique/fantastique/merveilleux (dans cet ordre) qu'il ne pourrait plus revenir pour tenter les autres opus de la formation, pourtant tous indispensables.
Voilà enfin pourquoi je déconseille aux néophytes des Banshees de commencer par Kaleidoscope...
Trop dangereux de manquer le reste.