A ses débuts, Keren Ann avait été perçu comme un Benjamin Biolay au féminin. Depuis, Lady and Bird (projet musical avec Bang Gang) et l’album Nolita ont fait de la Hollandaise francophile, une vraie artiste internationale. Ce nouvel album (le 5e sous son nom) lui fait franchir une nouvelle étape qui risque de faire de la jeune femme une vraie star. Je m’emballe c’est sur mais ce dernier opus éponyme peut d’ores et déjà faire figure de classique pop/folk à l’image du single Lay your head down qui creuse le même sillon que I’m waiting for my man / Heroin. Keren Ann a compris que la qualité des chansons intrinsèques suffisait à faire un bon album mais était un peu cours pour sortir carrément le grand jeu. Elle s’est donc entourée de Joe Barresi (Tools, Queen of the Stone Age) à la production et a décidé de peaufiner ses arrangements. Précis, à la palette étendue (avec des cordes discrètement distillées), parfaitement dessinés et aérés, ils donnent une classe folle à In Your back, faisant de Keren Ann une amie musicale de Stina Nordenstam. Ils amènent la chanteuse dans une universalité folk qui n’exclut aucunement la sensualité (The harder ships of the world, where’s no endings end ou Between the flatland and the Caspian sea sur les traces de Suzanne Vega) ; ni surtout la puissance évocatrice de la nature (Liberty) La voix de Keren Ann y a gagné en densité, nous permettant de mieux apprécier la velouté de son timbre et permettant aussi à it’s all die de devenir une plongée en eaux troubles. Car elle est ainsi ; soit un ange (souvent soutenu par des chœurs célestes) soit démon : it ain’t no crime sent le souffre et appelle à un strip tease incendaire. On ne lui en demande pas tant mais avec un album pareil, le Néerlandaise rentre dans le club fermé des chanteuses mondialement précieuses.