Avec ce deuxième album Erik Arnaud a délaissé l’armure et se met à nu. La formule est facile au vue de la pochette : séduit et abandonné, on le trouve échoué sur son lit, comme une victime d'après la bataille. Cela qui vaut bien une vengeance par chanson interposée. Le titre s’appelle Cheval, sauf que par esprit de contradiction, Arnaud prend le point de vue d’une femme. Le chanteur aime prendre le contre-pied et peut, par exemple, faire une ritournelle entraînante sur un tueur en série (Richard Cordoba inspiré par le personnage de « Driller Killer » d’Abel Ferrara). Arnaud n'aime pas les sens uniques : Rocco, chanson sur Rocco Siffredi ? Ou sur « Rocco et ses frères » puisqu’on sait l’homme cinéphile ? Qui sait, en tout cas, peu peuvent prendre comme sujet la fascination sexuelle que peut exercer un simple prénom. Musicalement aussi, c’est un peu compliqué : on ne peut pas ranger Erik Arnaud dans une famille de chanteurs français, ni même statuer à coups sûrs sur la qualité de sa musique. Avec cette même chanson, Arnaud arrive à nous prouver qu’avec un peu plus de talent, De Palmas pourrait être un bon compositeur arrangeur.
Avec des ingrédients quasiment similaires et juste une guitare frottée sur deux accords balancée au bon moment en plus, il nous offre un bon titre. Parfois, ça rate : même si le sujet dévie de l’amour à la baise, Rue de Parme ressemble à une mauvaise complainte d’Obispo. Erik Arnaud a pour lui en tout cas sa culture musicale qui lui fait reprendre Manset (Vies monotones ressemblant bizarrement aux Enfants du Pirée version Dominique A.) ou adopter parfois un jeu de guitares proche de Peter Buck de REM. Le gars a baigné dans sa jeunesse dans la new wave, ce que l’on ressent dans l’emploi de salvateurs synthés (Nous vieillirons ensembles, le rock’n poppy Combat ou la ballade synthétique sur fond de guitariste Curistes Nous sommes). Mais il est aussi en phase avec ce que son époque produit de plus créatif, ce qui nous vaut des idées sonores que l’on retrouverait aussi bien chez Radiohead, dans le post-rock ou l’electronica minimaliste (l’armure). Ce ne sont là que quelques détails mais ils font toute la différence avec notre sale variété. Le très sélectif label Monopsone ne s’y est pas trompé, signant pour la première fois un album de chansons francophones.