Il y avait du génie dans Mano Solo.
Et de l'inspiration.
Album après album, peu de chanteurs ont aussi bien chanté Paris dans toute sa misère.
Mais les thèmes vont bien au-delà de la simple émotion de vivre à Paris pour le Titi qu'il était devenu.
Mano explore chanson après chanson la noirceur de l'âme bernée par l'espoir de s'en sortir.
Ainsi dans les sujets de prédilection de Mano, on retrouve :
- la solitude ("je marche seul avec plus personne à qui faire la gueule"),
- la mélancolie des jours qui ne deviennent jamais heureux ("alors que Paris t'ouvre les bras, tu te retrouves collé sur un pavé avec un sacré cœur gros comme toi"),
- la drogue ("la femme de ceux qui n'en ont pas"),
- la (homo/bi)sexualité ("tiens la barre, tiens la bien entre tes deux reins"),
- la mort et notamment un côté collapsologue avant l'heure ("on ne f'ra pas de marmots pour leur gueuler tout haut la vie : c'est pas du gâteau").
Au-delà de ses talents de chanteur, l'artiste était complet.
Il était écrivain, dessinateur mais surtout excellent compositeur.
Son don ? Mêler les instruments pour créer des ambiances variées comme en témoigne la chanson 15 ans du matin qui alterne les styles :
- Rhythm and Blues : La lune,
- Jazz : Le monde entier, La barre est dure ou le sublime Allo Paris,
- Rythmes gitans ou latino (Je marche seul) qui seront notamment très travaillés sur l'album Les années sombres
- Chanson typiquement française avec accordéon et ambiance bal musette : Au creux de tes bras ou chacun sa peine.
Steinbeck fait dire à Ma' à la fin des raisins de la colère : "Nous irons toujours de l'avant, parce que nous sommes le peuple".
Tout le monde ne vit pas son rêve, même au sommet de la gloire. Mano Solo ne le savait que trop bien.
La marmaille nue en est un émouvant témoignage universel.