La pulce d'aqua est un album sublime quelle que soit la langue, mais l'italien est clairement plus joli au niveau sonore, aussi vais-je citer les titres dans cette langue...
-Ballo in fa diesis minore commence par un crescendo assez inquiétant, puis entre définitivement dans son ambiance médiévale... Danse de la mort entrainante, dégageant une énergie énorme, elle utilise sa longueur (plus de sept minutes) pour décliner son thème en forti, piani, ajouts de violons divers, et faire entrer dans l'album de la plus belle des façons. Une chanson faite pour les concerts...
-Il Ciliegio, plus rapide, est porté par une guitare frénétique mais se fait étrangement plus douce, grâce au texte et à la mélodie du chant, suivi par des bois, tranchant dans une magnifique harmonie avec le tempo général...
-Nacita du un lago est une histoire de magiciens ressemblant au lac dont elle est le thème. Très douce la majorité du temps, ses couplets se terminent à chaque fois par une explosion de violence. Certainement pas la plus difficile mais très efficace après la frénésie précédente.
-Il poeta di corte emmène radicalement ailleurs: cette chanson est aussi entrainante que joyeuse, une ode aux musiciens troubadours dont Branduardi peut se dire descendant, elle se termine par un éclat de rire musical optimiste et communicatif qui nous fait nous sentir forts et heureux.
-Dernière chanson de la face A, Il Marinaio est une perle de douceur nostalgique et souriante, qui nous berce comme une caresse et nous entraine dans ses profondeurs intimes dans ses phrases douces, qu'elles soient d chant, de bois, ou de violons...
-On reprend ensuite avec la plus connue de toutes: La Pulce d'acqua. Plus acide dans son texte que dans son rythme, elle nous fait voir la nature à la fois pétillante et déclinante, merveilleuse et dangereuse. L'optimisme ne nous quitte néanmoins pas grâce à son thème final décliné ad-libitum par un orchestre flamboyant...
-...et la tristesse "nocturne" de La Sposa rubata n'en est que plus poignante... Une voix utilisant de légers échos fait corps avec une mélodie divine qui nous fait entrer dans un royaume féérique assister au deuil des créatures enchantées. Hymne de l'amour perdu, du désir destructeur, où l'artiste ne peut plus être que témoin impuissant de l'histoire qui lui échappe, cette merveille s'entend comme se voit le technicolor: l'émotion pure guide nos sens et notre réflexion...
-Le pessimisme continue dans La Lepre nella luna, mais son rythme plus "enlevé" et son texte nous donne l'espoir de l'après. Fors les trahisons la fidélité de l'artiste à ses principes lui donnera d'autres amitiés: et si ce lièvre n'était au final qu'un enfant devenu saltimbanque?..
-Peut-être un peu trop longue (car on voit vite où le texte veut en venir), La Bella dama senza pietà conclut l'album au rythme de la mort qui l'avait entamé. Parfois volontairement dissonante, "brute", elle est assez décevante quand on connait les capacités de Branduardi à conclure des disques mais elle n'en demeure pas moins parfaitement "écoutable"...