Voice in gold.
Un des albums que j'attendais le plus cette année... le deuxième des Blues Pills, au nom ostensiblement psychédélique. Ces jeunes gens ont d'indéniables qualités, parmi lesquelles on peut...
le 18 août 2016
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Un des albums que j'attendais le plus cette année... le deuxième des Blues Pills, au nom ostensiblement psychédélique. Ces jeunes gens ont d'indéniables qualités, parmi lesquelles on peut compter la voix de la chanteuse Elin Larson, qui, même si elle n'a pas l'âpreté, la rugosité et l'authenticité de celle de Janis Joplin, n'en est pas moins proche, par la puissance, l'envie, la justesse et le caractère résolument « soul » (notamment sur « I felt a change » qui pourrait être le « Mercedes benz » du groupe, en moins rigolo) ; plus « féminine » que son aînée dont l'organe était (sans aucun doute) plus imbibé de whiskey et de cigarettes, le groupe, pour cet album, semble surtout mettre en avant ici les qualités de chant de leur délicieuse et charismatique chanteuse. Dès « Lady In Gold », une chose est certaine et se ressent dans sa voix : le groupe affiche une confiance en ses talents presque effrontée. Mais il y a de quoi. Ils sont bons. La voix est en place, impeccable. Voix de velours. Ou d'or. C'est comme vous voulez. Le chant semble facile. Larsson chante de manière relâchée, aisée.
Imagerie psychédélique et old school (que l'on peut notamment voir sur les pochettes des disques du groupe), résolument clichée, baroque, colorée, complexe, qui renvoie à tout à chacun les délicieuses et plus glorieuses heures de la fin des années 1960, mais imagerie assumée. Pour autant, le groupe relève peut-être moins du courant néo-psychédélique que l'on perçoit depuis 3 ou 4 ans maintenant en tête de gondole de l'actualité rock, entretenu par des traditionalistes assumés ou pas, que d'un simple attachement aux sons des glorieux aînés venant de San Francisco et Los Angeles,
Question horripilante qui me brûle les lèvres à chaque écoute : pourquoi faut-il attendre le cinquième morceau pour entendre les qualités de soliste du guitariste et compatriote Dorrian Sorriaux ? Sans doute car le groupe et son entourage mettent moins en évidence l'individualisme d'un pur guitar hero que le son d'un groupe dans son entier. Il n'empêche que ça m'agace... tant l'homme est talentueux dans l'exercice de l'improvisation minutieuse et subtile. Mais bon, ce n'est pas (trop) grave, tant l'ensemble sonne « juste ». Et qu'est-ce que sonner juste me direz-vous ? Je n'en sais foutrement rien... c'est un bon sang de ressenti : groupe bien produit, son impeccable, instruments qui vont parfaitement ensemble, une certaine identité sonore, tout ça quoi. Et bien ce groupe sonne juste.
Sur la deuxième face de la galette, la voix de Larsson, jeune, puissante, suggestive, implacable, est toujours autant mise en avant, derrière une rythmique toujours aussi étincelante (« Bad talkers »).
« You gotta try » repose un peu les choses, et calme le jeu. Il est vrai qu'à ce moment-là du disque, le groupe a parfaitement délivré ses chansons, sur un rythme endiablé, soutenu. Après un passage plus enlevé (toujours sur "You gotta try"), l'effluve psychédélique se répand dans la pièce (et je ne fais pas l’apologie de la drogue), avant que cela ne reparte de plus belle. Sur "Elements & things" Sorriaux s'en donne à cœur joie et à la fin, son solo est très appuyé. Peu de notes, mais jouées avec intensité, finesse. Dommage que sa guitare soit placée à l'arrière plan. Décidément, si j'avais été producteur pour ce disque, j'aurai mis la guitare en avant, et aurait fait péter le solo, façon Doug Tutlle... Dommage (encore une fois) que le solo soit si court. Mais peut-être me trompe-je de groupe (ce n'est pas Jefferson Airplane, ou Quicksilver Messenger Service, et autres...) ou d'époque (les mêmes...). Finalement, Sorriaux, on l'entend bien (« Rejection », « Elements & Things »), il y a de la fuzz et tout le tsoin-tsoin, mais pas comme je l'aurai voulu, ou plutôt pas autant que je l'aurai souhaité. Pour ça, pour la partie « solos », si bonne quand la musique l'est, c'est en concert qu'on y a droit. Et ça, croyez-moi, c'est le dessert... Car le groupe est bon sur scène, c'est carré, propre, et le son est énorme. Je vous invite à les voir en live. Normalement vous ne serez pas déçus. D'ailleurs, s'il y avait une note « concerts » pour les groupes, le groupe aurait un bon 8/10 avec une recommandation là où Muse récolterait un bon 10/10.
Bon disque. Bon, je ne me suis pas non plus pris une raclée, car ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est quand même très très bien dans l'ensemble. Assurément l'un des disques de l'année.
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le 18 août 2016
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