En 2012, La Fin de l’Espèce avait des allures de claque dans la gueule. Le rappeur Fuzati y perçait des abcès intimes avec un nihilisme aussi poétique que prosaïque. Mais alors que nous arrive un nouvel album du Klub des Loosers après quelques années entre parenthèses (un inégal essai avec Orgasmic et un sympathique Last Days instrumental), les retrouvailles ont un goût de buffet d’anciens élèves n’ayant plus rien à se dire.
On traverse Le Chat et Autres Histoires dans la familiarité doucereuse d’anecdotes qui se suivent et se ressemblent, nous ronronnant la même litanie de mots usés et de douleurs fantômes figées depuis des lustres. Des trucs de gosses remâchés façon Klub des 7 (Les Fantômes), des trucs de trentenaires qui prennent le RER gorgés de détails de "la vraie vie" (Le Bouquet) et puis des trucs entre les deux, comme ce morceau-titre vaguement misogyne parti d’un jeu de mot embarrassant. Vendu comme un recueil de nouvelle (ce qu’est presque n’importe quel album au fond), Le Chat... nous sert une vague galerie de personnages qui semblent tous joués par le même acteur, incapable d’exprimer des émotions autres que le dégout et le cynisme, avec autant d’expressivité que ce masque en carton qui ne tombera jamais.
On voudrait se consoler avec les productions, faites maison pour la première fois, avec des vrais morceaux de musiciens dedans, mais on est à deux doigts de ne pas s’en rendre compte tant on y retrouve les écrins 70’s que Fuzati sample depuis toujours - juste un peu plus propres et plus fades. Un parti-pris qui n’apporte qu’une triste poignée de refrains aux paroles maladroites sur des terrains pop ronflants (Cosmonaute, Neuf Moins Huit). Dessus, invariablement, les mêmes inflexions et chutes du flow de Fuzati reviennent comme un vague hoquet. Certains y trouveront peut-être encore les futurs slogans de leur mal-être moderne flasque. Mais le festin artistique espéré ressemble surtout à une soirée restes passés au micro-ondes.