Depuis le temps qu'on la connait (plus de 20 ans), on devrait être habitué à ne jamais retrouver Kristin Hersh exactement là où on l'attend. Dernier volte-face en date son retour en 2005 vers un rock tonitruant et brutal avec 50 foot wave. On pouvait la croire ancrer dans ce nouveau projet et bien non, l'Américaine nous revient sous son nom de manière aussi désarçonnante qu'au moment de Hips and Makers première incartade solo en tout acoustique, totalement révolutionnaire pour elle après l'ère électrique des Throwing Muses. Kristin Hersh revient donc mais à mille lieu de The Grotto, dernier effort solo et point de non-retour vers des augures funèbres. Learn to sing like a star nous restitue un Hersh moins radicale et moins extrême, à la manière de Sky motel et Sunny border blue...mais en plus réussi. Avec le temps, la chanteuse a pris conscience que vouloir plaire aux plus grands nombres ne voulait pas forcément dire perdre son âme. Et cet album en est une preuve éclatante. Le velours est palpable derrière la rugosité des guitares, la frappe de Dave Narcizo et la voix passablement écorchée de Hersh.
Ce nouvel opus est marqué par l'omniprésence des cordes. Un détail sans doute mais qui se révèle important et symptomatique du retour de l'Américaine du côté de la lumière et d'une confiance retrouvée. Exit le violoncelle malingre de Jane Scarpantoni idéal pour accentuer la mélancolie ambiante (à l'époque de Hips and Makers). Bienvenue au vétéran Martin Mc Carrick dont les cordes tirent la musique vers un supplément de classe, ajoutent un surplus d'allégresse derrière les climats naturellement sombres de Hersh et adoucissent sans l'édulcorer l'éternelle rock attitude héritée de TM et des Pixies. Pas de risque de maniérisme, la base étant ce qu'elle est, faîte de chair et de sang et possiblement poignante. Kristin Hersh accepte d'endosser pleinement la tenue d'une chanteuse et la volonté de séduire qui va accepte. Elle expose sa féminité, et pas seulement dans sa fragilité ou sa résistance mais aussi dans sa sensualité. Elle affirme son statut d'icone de la musique internationale, une artiste qui peut passer sur MTV mais qui n'a fait aucune concession sur le fond.