Epuisé par ses tournées incessantes, Led Zep se pose enfin en 1970 dans la campagne galloise, dans le manoir de Bron-Yr-Aur. Le confort y est rudimentaire mais c’est la 1ère fois que Page, Plant, Jones et Bonham prennent le temps d’enregistrer ensemble, le 2e avait été enregistré dans l’urgence sur la route, dans de nombreux studios différents aux Etats-Unis et à Londres. Le groupe profite de l’existence, de la nature environnante, accompagné de leurs compagnes et de leurs roadies, et il décide de baisser un peu le volume sonore mais ne chôme pas pour autant. Les morceaux qu’ils vont écrire pour cet album sont encore une fois merveilleux. Même si ce qu’on appelle désormais le hard rock est bien là, à travers la gifle de Immigrant Song dès le début, Celebration Day et Out on the Tiles enfoncent le clou. Le groupe sort ses guitares sèches et nous montre son goût pour le folk, les musiques orientales et la country. Ce goût était déjà perceptible dans leurs 2 premiers albums mais de façon sporadique, sur quelques morceaux isolés. Là, That’s the way, Gallows pole ou Tangerine, sur la 2e face du vinyle nous emmènent vers de nouveaux horizons, plus doux, plus calmes et bien agréables. Et puis bien sûr, le blues, et encore le blues à travers Since I’ve been loving you, un de leurs meilleurs morceaux (qu’on jurerait composé par une légende du Mississippi !!!), Plant y chante comme jamais et Page s’envole dans des solos de toute beauté. Un morceau totalement habité qui démontre que le groupe a le blues viscéralement en lui et peut à ce moment-là tout se permettre, ce que pas mal de critiques leur reprocheront d’ailleurs quand ce III va sortir. Lester Bangs, critique de Rolling Stones, a affirmé ne pas pouvoir écouter jusqu’au bout leurs morceaux les plus hard…Ils ont même été accusés de vouloir faire du « Crosby, Stills and Nash » ce qui avait mis Page dans une grosse colère et on comprend pourquoi. Plus de 50 ans après, cet album est un nouveau chef d’œuvre mais assez différent des 2 qui l’ont précédé. Led Zep nous montrait qu’il osait évoluer, tenter, avec une liberté et une créativité folle et c’est pour ça qu’il est si bon (n’écoutez pas les ronchons !!!).