Les Marquises
8.3
Les Marquises

Album de Jacques Brel (1977)

Indépassable !! Le Grand Jacques, en action.....

Bonjour à tous,

Je tiens, aujourd' hui, à crier mon admiration pour ce chanteur à texte, que j' adore, que j' adule, qui est inoubliable, pour moi. Je l' ai découvert, quand j' étais enfant. Entouré de mes grands-parents, et de ma mère, qui sont plutôt " old school ", j' ai baigné dans la musique poplulaire, classique, les grands chanteurs, et j' écoutais, déjà, à 8 ans, du Brel. Pas intensément, comme maintenant. Je ne comprenais, pas toujours, ce qu' il voulait dire. Mais, je sentais qu' il avait un truc, que ce mec ne ressemblait à personne. Je l' ai délaissé, au collège, et au lycée. J' y suis revenu, à l' âge de 19 ans. quelle claque !!

J' ai commencé par écouter un CD de ma mère. C' était un coffret Best-Of, avec deux CDS. 1ère chanson du 1er CD : " Amsterdam ".
Des frissons sur tout le coprs. ça y est. La passion était là. Puis " ne me quitte pas ", qui m' envoute totalement. Et d' autres suivent..... Et, depuis, ce chanteur ne m' a plus jamais quitté. Ma passion, pour lui, n' a fait que grandir.

Donc, me voilà, aujourd' hui avec cette crtitque, pour, peut-être, le faire découvrir à d' autres ingénus.....

Brel ne tourne déjà plus que sur un seul cylindre quand il entame cet enregistrement. A-t-il conscience de graver son testament? Pas sûr et bien que la couleur générale de l'album soit assez sombre,les nombreuses pitreries qui émaillent le disque infirmeraient plutôt ce constat( Le Lion,Les Remparts de Varsovie,Knokke-le-zoute Tango).

Dés le départ,"Jaurés" surprend par son engagement inhabituel,sur fond d'accordéon plaintif(merci Marcel!)

"La ville s'endormait",un des plus beau texte de Brel,à la limite de l'impressionnisme ou de Turner plutôt ("sur le fleuve en amont un coin de ciel brûlait"). Musique sublime, arrangements grandioses,merci Gérard.

"Le Bon Dieu",très beau texte,jolie mélodie un peu gâchée par l'orchestration à la Francis Lai(ou Charly Oleg?)

"Orly" théatrale et dramatique,c'est l'acteur qui chante!Peut-être parce qu'il en parle,on trouve une similitude de diction avec Bécaud (Nathalie). Le chant de la déchirure,comme du Lelouch réussi (je sais ça s'appelle du Truffaut).

"Jojo".Sur un arpège de guitare d'une simplicité éblouissante(la mineur,mi majeur,do majeur) Brel rend hommage à son vieux pote disparu.
Quand il pose le premier"jojo!" sur la guitare,tout est dit,il pourrait s'arrêter là,tant il y a de force et de conviction dans ce "jojo" là!

"Les Marquises", chef-d'oeuvre de minimalisme orchestral,les pizzicati des cordes commes des gouttes de pluies, Brel entre définitivement dans le Panthéon des poètes (les décors sont de Paul Gauguin).

Quand j'écoute les marquises, je pense hélas aussi à ce cher "antoine",qui a vendu la maladie de Brel aux médias,histoire de le remercier pour son invitation sur l'"Askoy". Puisse-t-il croupir à jamais,mangé de honte derrière sa barbe vermineuse, au fond de son atoll.

Heureusement Pierre Perret rendra au grand Jacques un poignant hommage dans "Ma Nouvelle Adresse".

Il ne fait pas bon vieillir ou voir un ami pleurer.

Quand il enregistre Les Marquises en 1976, Jacques Brel sait, probablement, que ce sera son ultime œuvre. Condamné par un cancer désormais incurable, c'est avec l'énergie du désespoir qu'il livre sa dernière collection de merveilles, son testament au monde de la musique.

Les Marquises est donc un album de fin, un Adieu au monde majuscule, c'est aussi le retour d'un Brel qui n'a plus rien sorti depuis 72, et plus de matériau original depuis 1968, ce sont les dernières cartouches d'un (pas si) vieux chanteur qu'on ne croirait pas amputé d'une bonne partie de ses facultés respiratoires pas la récente ablation d'un de ses poumons (et ce foutu crabe qui ronge l'autre, inéluctablement).
C'est, en tout logique, un Brel sombre, désespéré... Mais finalement pas beaucoup plus que le sémillant jeune-homme qui chantait La Mort dès 1959, Le Moribond en 1961, ou l'ultimement dépressif Les Vieux en 1964. Dans le genre Orly et Jojo se posent un peu là, Voir un ami pleurer n'est pas loin derrière. Mais Brel n'est pas qu'un dépressif, c'est encore et toujours un fantaisiste et un coléreux. Dans la première catégorie, on soulignera Les F... (qui marche aussi pour la colère) et son funk débridé et Le Lion entre bossa speed et swinging chanson. Dans la seconde, Veillir où Brel se réjouit/pleure de toute sa rage de ne pas mourir vieux dans un texte au cordeau en forme de liste implacable de l'inéluctable extinction définitive des feux, Les F... donc où il crache sa haine de ses concitoyens flamands et de leur crasse hypocrisie. Brel est indéniablement encore Brel, et le jeu l'attente en valait la chandelle parce que Les Marquises, musicalement, textuellement, est une splendeur. Et un adieu déchirant à un chanteur rare, un parolier exceptionnel, un artiste irremplaçable.

Concernant la présente édition, on mentionnera la (petite) polémique de l'ajout de cinq titres des mêmes sessions restés inédits parce que pas assez aboutis selon Brel. Si l'on comprend très bien la logique de l'indignation de certains gardiens du temple, on se réjouit d'avoir accès à un matériau certes moins viscéralement essentiel mais néanmoins sympathique (en particulier Sans exigences, avec Brel supporté par un orgue et un clavecin, du plus bel effet) . Il était tout à l'honneur, à l'époque, à Jacques Brel de démettre ces chansons dans le cadre de l'œuvre vinylique qu'il souhaitait concevoir, il l'est tout autant aux ayant-droits de les rendre publiques aujourd'hui, à l'heure du cd et du dématérialisé.

Les Marquises, un retour et un adieu. Une dernière merveille et puis s'en va. Des comme lui, on n'en fait plus, hélas. Essentiel, donc.

Brel si on aime, c'est toujours parfait. Si l'on déteste, on coupe le poste. Bon, moi, j' adore. Pas une ride. Une interprétation d'acteur/chanteur qui me donne la chair de poule.... Je suis en transe, à chaque fois, que j' écoute.

Cet Album Ultime de Jacques Brel enregistré peu de temps avant sa mort illustre tellement bien le paysage de son existence décriptant le genre Humain avec une corrosive expression,un être émouvant,qui savait mettre en scène le milieu dont il était issu pour le fustiger ,à la Sortie de cet Album j'entendais dire que Jacques Brel n'avait jamais aussi bien chanté ,bien sur la voix est marquée, bien sur les mots ne retireront pas les faits ,Bien sur Jacques Brel c'est un coup dans le plexus quand il évoque ce qu'il aime et ce qui l'oripile de temps en temps ca ne fait pas de mal à écouter "Le Bon Dieu",la beauté et la rudesse d'un lieu chéri "Les Marquises ",Un Voyage dans l'émouvant,le plus intime possible,difficile de ne pas s'interroger en écoutant ces Joyaux criant de véracité au moment de passer la main ,la voix bien que touchée laisse entrevoir sa puissance émotionnelle,La richesse des arrangements de Francois Rauber permirent à Jacques Brel d'une part d'abandonner sa guitare tout en laissant le champ libre à son expression scénique pour s'offrir au Public corps et Ame .Un Album pour une île presque Déserte définitivement habitée par l'esprit de Jacques Brel .... Mon héros musical....

Un dernier disque absolument indispensable du (très) Grand Jacques constitué de chef-d'oeuvres à la pelle (Jaurès, La ville s'endormait, Voir un ami pleurer, Orly, Jojo, Les marquises...) tant poétiques que musicaux (magnifiques arrangements, comme d'habitude chez Brel et son équipe Jouannest/Rauber), dans des interprétations époustouflantes d'engagement, un coup de poing à l'estomac, la routine quoi ... chez Brel.
Cette version est augmentée de 5 inédits, moins aboutis mais qui intéresseront sans aucun doute les passionnés, comme moi.....

Que reste-t-il aujourd'hui des « Marquises », le dernier album de Brel ?
Tout d'abord le testament d'une des personnalités les plus volcaniques de la chanson francophone, un marathonien des spectacles (le « galérien des galas ») qui enflammait les salles en habitant les personnages de façon aussi théâtrale qu'intense, en transpirant comme une hyène et en gesticulant comme un clown triste. Le constat est simple : rarement un chanteur n'aura exprimé ses états d'âme avec autant de sincérité, de foi et de gravité que le grand Jacques. Brel a embrassé son art en le transcendant sur scène d'une façon tellement humaine qu'il est même presque difficile d'en parler sans émotion.
Ensuite, un goût pour l'écriture intact, avec une collection de douze chansons, dont les textes n'ont rien perdu de leur saveur et de leur mordant, trente ans après. Brel touche juste une dernière fois, avec énergie et humour. Le vieil esprit anti-clérical et méfiant envers les préceptes religieux veille toujours au grain, sa critique sans complaisance mais mêlée à une indéfectible tendresse envers ses personnages toujours présente. Brel signe dans les Marquises quelques sommets terriblement attachants (« Jaurès », « Orly », « La Ville S'endormait », « Les Marquises ») avec une orchestration variée (guitare, piano, batterie, mais aussi saxophone, trompette, accordéon) et une production donnant au son une aération surprenante, qui fait que « Les Marquises » résiste mieux au temps que d'autres productions plus datées.
Et Puis, il y a cette île, Les Marquises, où le temps s'est arrêté. L'homme se sait condamné à une issue fatale. Et pourtant, l'énergie et l'enthousiasme, mais aussi la lucidité qu'il insuffle dans ce dernier disque lui donnent un je-ne-sais-quoi de plus bouleversant et poignant que ses autres disques. On restera marqué longtemps des derniers vers des « Marquises » : « Veux-tu que je te dise / Gémir n'est pas de mise / Aux Marquises », pour lesquels il n'y eut d'ailleurs qu'une seule prise lors des sessions d'enregistrement .
« Les Marquises » sont là pour nous rappeler combien Brel a tenu jusqu'au bout le même regard attentif et vigilant sur ses pairs, sans méchanceté aucune, ni cynisme, mais avec toujours une soif de justice presque déraisonnable et une tendresse d'une humanité infinie....

Si le rock est la musique qui exprime le mieux la révolte et la subversion, le rejet du conformisme, de l'hypocrisie et de la morale bourgeoise, alors Brel (avec Brassens) est notre plus grand chanteur de rock. N'en déplaise à Johnny Halliday - franchement vous imaginez Brel aller chanter pour Bernadette Chirac ?
Cet album est le chant du cygne de Brel. Peut-être son plus beau. La présence de chansons drôlatiques (le lion, Les remparts de Varsovie) n'empêche pas que la tonalité générale de l'album est sombre et hanté par la mort approchant (Vieillir, Jojo, les Marquises). Brel y règle une dernière fois ses comptes avec les Flamands au travers d'un pamphlet particulièrement acerbe et enlevé (ce qui lui vaudra un procès d'associations flamandes) sur une musique de Caetono Veloso. L'album s'ouvre sur Jaurès - une de ses chansons les plus engagées politiquement et socialement, qui est comme un testament et une supplique aux générations futures, se terminant par ses mots "demandez-vous belle jeunesse... pourquoi ont-ils tué Jaurès". Question toujours brûlante d'actualité pour notre époque si va-t-en guerre et à la misère galopante...
Brel savait sa fin proche en raison du cancer des poumons qui le rongeait. Le disque a été enregistré dans un état d'urgence ; les séances avaient lieu très tôt le matin, car Brel n'était pas en état de chanter après une certaine heure. Pressé par le temps, François Rauber a écrit l'arrangement des Marquises en une nuit, et c'est un de ses plus beaux par sa force d'évocation, son caractère impressionniste et l'alliance parfaite aux mots de Brel. On pourrait mentionner également 'La ville s'endormait", chef d'oeuvre de poésie et de musique, avec son arrangement crépusculaire.
J'en profite pour dire un petit mot sur François Rauber, disparu l'hiver dernier. Brel n'aurait pas été Brel sans Rauber, et l'oeuvre de Brel est le résultat d'une alliance et d'une amitié de longue date et doit beaucoup à Rauber - ainsi qu'à son pianiste Gérard Jouannest. Rauber a été l'arrangeur de Brel durant toute sa carrière, et nous lui devons toutes ses orchestrations géniales qui ont magnifiquement mise en valeur la poesie de Brel.

J' en ai le coeur qui palpite, en écrivant cette critique. J' adore ce chanteur !! Il représente beaucoup, pour moi.....

Brel a perdu un poumon, Brel souffre mais son chant est plus beau et plus vibrant que jamais, et ses textes atteignent des sommets : chansons semi-engagées (« Jaurès », « les Flamingants », chansons d'amour (l'inoubliable « Orly » et « Jojo », l'adieu à un ami), compositions poétiques et complexes (« La ville s'endormait », « Les Marquises ») et même humoristiques (« Les remparts de Varsovie », « Le lion »)... Mais la mort plane également au-dessus de cet album noir avec « Vieillir » bien sûr, « Voir un ami pleurer » et dans une certaine mesure « Le bon Dieu »...
Les arrangements sont variés : de la simple guitare sèche au saxophone, du piano à la batterie en passant par l'accordéon, « Les Marquises » s'avère un album moderne et qui, aujourd'hui encore, n'a pas pris une ride, à l'inverse des tout premiers disques de Brel.
Que vous dire de plus : achetez ce chef-d'œuvre et appréciez vous-même, car les mots ne suffisent pas pour décrire tout ce qu'il peut dégager... C'est le dernier, mais peut-être bien le meilleur Brel. (Et préférez cette édition originale-là, rien que pour la beauté de la pochette !)

Bref. Ecoutez Brel, ou réécoutez le. C' est un génie intemporel, avec tellement de belles chansons..... Portez vous bien. Bonne écoute. Tcho. @ +.
ClementLeroy
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le 11 mars 2015

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San  Bardamu

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