Suite au succès d'estime et, plus inattendu encore, au succès commercial de Trinity, Laylow se doit de mettre toutes ses billes dans le même sac et s'affirmer comme un visage important du rap français, malgré sa singularité.
A l'heure du tout streaming, se positionner sur le créneau de l'album-concept relève du pari risqué mais mérite d'emblée le respect. Le toulousain le sait et continue sur cette voie avec «L'Etrange Histoire de Mr Anderson» son nouveau projet monté ici encore sous un modèle cinématographique, quelque part entre Tim Burton, Fight Club et La Haine. Quite à pousser le bouchon un peu loin. En multipliant les interludes sous Dolby Stereo, le contenu se perd un peu et le charme de l'essai n'est pas loin de devenir un trait forcé.
Fort heureusement, l'ambiance sonore est assez solide pour ne pas se noyer sous la forme et prouve par la même occasion que son auteur n'en n'est pas là uniquement parce qu'il se démarque de la meute mais aussi car il est musicalement et lyricalement très au point – le storytelling sur Lost Forest, les violences policières et conjugales pfiouh-.
Entouré des meilleurs compositeurs actuels (Ikaz, Eazy Dew, Ponko & Prinzly, Sofiane Pamart sur les notes de piano) et de la pointe des MC's (Damso, Hamza, Alpha Wann, Nekfeu), Lay so'ffre un tour de force magistral où tout le monde s'en donne à cœur joie.
Alors qu'il aurait pu être casse-gueule ou réchauffé, l'exercice est au contraire totalement validé et vient confirmer le talent de conteur et de mélodiste de Laylow, nouvel homme fort et frais de la galaxie du rap de chez nous.