Ce qui est frappant aux premières écoutes, c'est le sentiment de découvrir une oeuvre touffue, et en même temps celui de ne pas retrouver la lourdeur du son qotsien. C'est-à-dire que la basse ne vrombisse pas, mais accompagne l'ensemble de façon discrète (mais indispensable).
Le son est donc en quelque sorte "léger". Preuve en est le single My God Is The Sun, chanson la plus "bourrine" de l'album, mais qui n'attaque pas autant qu'un Sick Sick Sick ou qu'un Song for The Dead par exemple.
Passé ce constat (qui peut être une petite déception, ou simplement une surprise), on découvre également des mélodies et des enchevêtrements de mélodies ultra-recherché(e)s. Rien n'est, à proprement parler, efficace, mais tout est subtil. Rien n'est laissé au hasard et l'enchaînement des plans et riffs laisse pantois. On ne s'y attend jamais, et l'effet procuré est étrange. Déboussolé, on n'a au départ du mal à rentrer dedans, d'autant plus que, comme dit plus haut, le son n'est pas "lourd".
En fait, on dirait une sorte de mixture entre Era Vulgaris et l'album des Them Crooked Vultures, mais en bien/encore plus pop. Pas pop au sens commercial, non, au contraire. De la pop noble, cérébrale même.
On finit donc finalement par se laisser porter par tout cela. On n'y rentre dans cet album oui ! Pour ne plus y ressortir d'ailleurs.
L'introductive Keep Your Eyes Peeled nous transporte ainsi sur un rythme blues allongé et peu commun, et bien sombre, avec quelques percées de violence soudaine. Un pur délice, la voix de Homme faisant également des merveilles.
Vient ensuite la courte mais lumineuse I Sat By The Ocean, dont le riff à la fois pachydermique et pop, s'il déroute au départ, se révèle vite entêtant.
Et là, on s'est à peine remis de nos émotions que le grand roux nous suprend une nouvelle fois, avec The Vampyre Of Time And Memory, une balade au piano minimaliste, teintée d'une ambiance quelque peu lugubre (mais pas trop). J'ai eu beaucoup de mal à l'apprécier pleinement au début, mais une fois le style assimilé, c'est vraiment bon. Une réussite.
If I Had A Tail enchaîne sur des chapeaux roues, avec un rythme efficace et pourtant bien subtile, pour une pop "crasseuse" envoûtante (le refrain est exceptionnel).
La pièce suivante fait un peu figure d'ovni dans cet album très pop, puisqu'il s'agit de My God Is The Sun, sorte de punk réfléchi (si si!) multipliant les riffs et les ambiances. Une chanson chargée en émotion qui prend très très vite aux tripes (malgré l'absence de lourdeur, afin de respecter l'ambiance de l'album).
Passé la face A, les chansons deviennent encore plus étranges, avec pour débuter Kalopsia, sorte de free pop (?) teintée de.. free rock (?), très sombre et pourtant assez drôle. Je suis toujours sur le cul à l'écoute de cette pièce assez lente et douce, et par moments explosive. La chanson la plus originale de l'album à mon sens.
Fairweather Friends est elle la plus them-crooked-vulturesque de l'album, avec ses choeurs, et son côté grandiloquent à la Queen, mais le tout sous couvert d'un classic rock étonnant pour du QOTSA. Et qui pourtant fonctionne à merveille, grâce notamment au piano de Sir Elton John.
Smooth Sailing est par contre la plus era-vulgariesque, et se base sur un rythme hallucinant, le tout dans une ambiance à la fois décontractée, fun et plutôt explosive. C'est LA chanson qui m'a mis une claque d'entrée de jeu.
L'album se finit sur l'enchaînement de deux titres majeurs. Le premier étant I Appear Missing, longue complainte pop/glauque (mélange qui fait la marque de cet album) multipliant les ambiances. Egalement une bonne claque d'entrée de jeu, pour peut-être LE titre de l'album (même si je suis fan de toutes les chansons).
Le second, qui porte le nom de l'album, fait écho à The Vampyre Of Time And Memory, puisque que c'est également une balade au piano. Minimaliste également, mais plus longue, et avec la voix de Homme assez perchée. L'ensemble de l'instrumentation arrive plus tard, pour un final sublime.
Bref, vous l'avez compris, je suis archi fan de l'album, même s'il m'a fallu plusieurs écoutes pour réussir à assimiler cette grosse part de gâteau, les titres étant vraiment recherchés, mais pas forcément accessibles d'entrée de jeu. QOTSA nous livre ici une pièce maîtresse, que je qualifierais de "pop cérébrale". A priori un paradoxe, mais quand on s'appelle QOTSA, cela tombe sous le sens. :)
EDIT : Après moult nouvelles écoutes, ce sentiment de perfection se renforce, ça sera très surement mon album de l'année.