On partage avec Tame Impala pas mal de choses, et c'est déjà un bon point de départ : on a nous aussi depuis longtemps succombé aux charmes du Jardin du Luxembourg et des Beach Boys, du psychédélisme sous acide et des disques réalisés dans les chambres d'adolescents ou dans les garages du pavillon familial. Pourtant, "Lonerism" - qui a semble-t-il touché tellement de monde - nous laisse largement froids... La faute sans doute à la grande faiblesse mélodique des chansons, toutes insignifiantes du point de vue "pop", ce qui ne serait pas grave en soit si Tame Impala n'avait visiblement en tête de chasser sur les terres de Brian Wilson et de Syd Barrett, deux hallucinés qui déliraient grave mais savaient trousser une ritournelle pop ou une mini-symphonie qui ne sortirait plus jamais de notre tête. Sans mélodies auxquelles nous raccrocher, il ne nous reste plus qu'à admirer les innombrables gimmicks sonores et l'inventivité musicale indéniable de Tame Impala, qui font que "Lonerism" surprend constamment, et n'ennuie jamais franchement. Néanmoins, les écoutes répétées ont plus tendance à user le disque en en révélant les ficelles qu'à en révéler une profondeur définitivement absente. A ceux qui aiment ce genre de musique, on a envie de recommander l'écoute des albums d'un groupe désormais bien oublié, les Boo Radleys, qui avaient parfaitement réussi ce que Tame Impala loupe avec son "Lonerism"... [Critique écrite en 2012]