Après un dernier chant du cygne magistral, San Francisco en 1995, Mark Eitzel avait donc fermé son American Music Club pour se consacrer à une prolifique carrière solo. Les autres membres de AMC ne pouvaient en dire autant, au point mort ou presque depuis la fin de ce qui a été un groupe culte. Peut-être est-ce pour cette raison en forme de coup de main que le Club a donc été réactivé ? Qu'importe, American Music Club en 2004, cela tient du cadeau bonus. On est d'abord étonné de retrouver sur le premier Ladies and Gentlemen des guitares et des larsens, des petites choses oubliées avec Mark Eitzel en solitaire. Mais très vite, on retrouve ce qui toujours fait la spécificité d'American Music Club et qui en fait le versant le plus classe du rock US. Des titres où une pointe de jazz vient se mêler à la folk ; ce slowcore ensuite repris par Idaho où Eitzel pose sa voix de crooner buriné. Peu de groupes peuvent s'enorgueillir d'avoir un leader pareil, honoré comme meilleur songwriter américain par le magazine Rolling Stone à l'époque du mythique Mercury (1993). Pour ce nouvel opus, appelé Love songs for Patriots, la récente et dramatique situation politique américaine a fourni un sujet en or à Eitzel (le magnifiquePatriot heart, chanté avec les tripes et qui nous laisse sans voix). AMC, à l'instar de REM, représente la conscience de l'Amérique que l'on aime... Parfois, le groupe s'en remet trop au talent de son chanteur (The horseshoe...) mais le plus souvent la finesse est toujours au rendez-vous : un simple arpège, un modeste effet de guitare et c'est tout le "classic rock" américain qui s'en trouve transfiguré. La magie opère toujours. Bush est toujours au pouvoir, il nous reste toujours AMC pour se consoler...