La vraie Avril Lavigne n'existe pas et n'a jamais existé

J'avoue ne pas trop savoir quoi dire sur cet album, et me demande d'ailleurs si cela a encore une importance de parler d'Avril Lavigne en 2022 et, surtout, d'en attendre quoi que ce soit.
Mais bon je vais le faire quand même car j'ai du temps à perdre.

Il est vrai que les fans attendent toujours le fameux retour de l'Avril Lavigne des débuts, celle qui mettait des cravates, faisait du skateboard et écouter du punk rock.
Comme si il y avait eu une part de sincérité et de naturelle chez la jeune canadienne de 17 ans dont la notoriété avait explosé avec son premier album Let Go en 2002. Sincérité qu'elle aurait ainsi perdu à cause de sa célébrité par la suite.

Pourtant en y regardant de plus près, tout était déjà complètement faux à l'époque et c'est peut être ça le plus intéressant finalement.
Pour s'en rappeler, début des années 2000, le pop punk style Sum 41 ou Simple Plan avait envahit les chaînes de musique et les soirées des ados du monde entier. A l'époque, on gagnait encore beaucoup d'argent grâce à la musique et les grandes entreprises de cette industrie vont voir un signal dans cette demande grandissante pour le pop punk chez les jeunes, et en profiter pour créer une sorte d'"anti-Britney Spears" (autre création de l'industrie) qui refuserait de s'habiller de manière trop féminine, de se déhancher à la télévision et surtout qu'on lui dise qui elle doit être et ce qu'elle doit faire.
L.A Reid, producteur célèbre et créateur d'un grand label de musique à l'époque repère alors la jeune canadienne de 17 ans. Elle n'a pas grand chose d'une rebelle pourtant, elle vient d'un petit village de l'Ontario et d'une famille assez traditionnelle qui l'écoute chanter à l'église tous les dimanche, mais comme tous les adolescents de son âge, se cherche et est facilement manipulable.

Peu importe donc, la transformation peut commencer. Son style de garçon manqué colle parfaitement avec la demande du jeune public et on va lui créer un album de toute pièce, avec des chansons pop composées par The Matrix, connu pour créer de nombreux hits pop. On ajoute autour d'elle quelques musiciens au look punk, quelques chansons un peu plus rock avec des clips où on la voit provoquer une émeute dans le centre d'une ville. Tout y est.

Mais comme rien n'est naturel là dedans, Avril continue de s'adapter à la mode et à la demande. En 2004, l'époque est plus au sombre et moins à l'amusement et l'irresponsabilité. Voilà alors Avril avec du maquillage et des vêtements noirs sur la pochette de son nouvel album et des chansons un peu plus dépressives.

En 2007, la mode est à la provocation. Les nouvelles star de la pop comme Rihanna ou Lady Gaga mettent en avant leur excentricité et dansent à moitié nue dans leur clip.
Avril Lavigne va encore devoir s'adapter. Elle se teint les cheveux en rose ou en vert, chante des chansons sur son "boyfriend" et "you make me so hot".
Le succès est encore là, mais quelque chose ne colle plus dans l'anti-Britney Spears qui refusait d'être réifié et de chanter sur les hommes auparavant.
Alors, oui, vous me direz qu'elle a tout simplement grandi et évolué, comme tout un chacun. Mais le problème c'est que tout a l'air encore plus faux et cela à se faire ressentir par le public.
Plus anecdotiquement, Avril Lavigne parait aussi de plus en plus mal à l'aise et malheureuse dans ses différents passages TV et interviews.

Puis, l'industrie ne faisant pas de sentiments, Avril Lavigne n'étant désormais plus crédible physiquement et mentalement dans ce virage sexy-provoc qu'a pris la pop et dans lequel d'autres stars montantes excelleront beaucoup mieux qu'elle, la voilà donc lâchée par le système et son album de 2010, pourtant plus qualitatif que le précèdent, fait un flop suite à une absence de promo et de mise en valeur marketing.
La voilà reléguée au titre d'artiste de second plan ; elle ne fait plus les grands plateaux TV et les couvertures de magazine people.

Alors, tant mieux, me direz-vous, car cela aurait pu être une chance de découvrir enfin le "vrai" caractère naturel et sans artifices de la jeune canadienne.
Mais les albums sortis dans la suite de sa carrière auront été tous plus mauvais les uns des autres, laissant entrevoir une artiste sans idées et sans personnalité, touchant même au gênant par moment (voir la chanson Hello Kitty par exemple).

Et maintenant, vient cet album Love Sux en 2022 que personne n'attendait vraiment, à part peut être sa base de fan. Avril Lavigne a désormais 37 ans, mais sa musique semble être resté coincée dans les années 2000. Elle revient à ce style pop punk girly, auquel elle s'était déjà essayée en 2007 avec The Best Damn Thing, et qui avait déjà montré son grand absence d'intérêt à l'époque. Elle refait donc ici le même album sans évoluer d'un poil, nous offrant ainsi des paroles du style :

Don't call me "baby" (Baby)
I love it when you hate me
I know it's crazy (Crazy)
I love it when you hate me

Et le tout bien entendu sur des instru tout aussi immatures. Peut être justement car Avril Lavigne continue à penser marketing et à jouer sur le dernier levier qui lui reste, à savoir nous vendre la pseudo figure rebelle qu'elle a été au début des années 2000, pour donner un peu d'espoir à ses fans qui continuent de la suivre.