Il y a comme un bruit. Comme un parasite qui bouffe de l’intérieur LP1 de FKA Twigs. Ce nouveau combo à diva parachuté « grande sensation de l’année » pêche par excès de sophistication. Tout le contraire de la deuxième production de Mirel Wagner, When the Cellar Children See the Light of Day, sortie la même semaine, et dont le dépouillement extrême (guitare/voix) fait du bien.
Il suffit de s’imaginer (et de rêver) : FKA Twigs aurait pu sortir le même disque en acoustique. Les compositions sont là, la présence de Tahliah Debrett Barnett est solide, même si on pourrait la taxer à divers égards de maniérisme. Qu’elle ait choisi un autre chemin, celui d’arrangements électroniques complexes, ne souffre pas de critiques. C’est plutôt dans l’application de ce choix que l’on peut se montrer dubitatif. On s’agace à l’écoute de ces beats « mitraillettes » échappés d’un R’n B sous antidépresseurs, insistants, collants comme le sparadrap du capitaine Haddock. Il ne s’agit même plus de production léchée : maniaquerie serait plus juste tant chaque son semble avoir été élaboré, spatialisé avec une minutie maladive, un soin luxueux.
Qui en pâtit ? La spontanéité bien sûr. En regard, la rusticité de When the Cellar Children See the Light of Day est salvatrice. FKA Twigs travaille en apnée, quand Mirel Wagner respire, et fait respirer ses chansons, pourtant chargées d’un fardeau émotionnel assez lourd (cf. le titre de l’album, très parlant). On ne parlera pas de la production de When the Cellar Children See the Light of Day puisqu’il n’y en a pas (besoin). Mirel Wagner croit suffisamment au pouvoir de ses mots, de sa voix, de sa guitare. Du son de la guitare même, souvent suffisant dès lors que les mélodies tiennent la route (ce qui est le cas ici). Quand un violoncelle et un piano interviennent c’est en catimini, sur la pointe des pieds, on serait tenté de dire : sans un bruit. Pas de parasitage. Une sobriété minérale.
L’affectation de FKA Twigs est son tendon d’Achille. Son absence, la force de Mirel Wagner. Tout ce dont a besoin Tahliah Debrett Barnett, c’est de silence. Quand elle ne se cachera plus derrière des artefacts de logiciel, quand elle offrira son talent à nu, comme le fait Wagner, on aura un peu plus de force pour croire en elle.