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Lustre
7.5
Lustre

Album de Ed Harcourt (2010)

On l’avait presque oublié. Et pourtant depuis son précédent album, Ed Harcourt n’a pas chômé : participation à l’album d’Erik Truffaz Arkhanglesk, sortie d’un EP Russian Roulette, écriture de la musique de « S. Darko ». Mais c’est bien Lustre qui marque le retour d’Ed Harcourt au premier plan. L’Anglais a toujours été le partisan d’une pop orchestrale jouée à l’ancienne avec le piano comme instrument central de la composition. Et cela ne change pas ici. L’album est presque magique sur 35’ …mais en dure 48’, comme si Ed Harcourt n’avait pas su tenir la distance. Mais commençons par le début et par les grands motifs de satisfaction car il y a de très belles choses dans Lustre. Les morceaux vous emportent pour une pop « grand train » qui n’est pas pourtant pas écrasante ou grandiloquente. L’album n’est alors ni pompant, ni pompier et certains titres sont portés par la grâce comme Church of no religion qui prouve qu’une musique profane peut revêtir un caractère sacré. A ce moment là, l'Anglais fait vraiment redorer le lustre d'antan. Comme à son habitude, Harcourt intègre des éléments de pop pré-Beatles dans sa musique, puisant dans la Comédie Musicale, le gospel ou de le Doo wap des éléments harmoniques de grand qualité.


Son piano reste toujours très expressif, l’Anglais changeant de jeu en permanence : il adopte un jeu Honkytonk sur lachrymosity, japonisant sur When The lost don't want to be found), il joue l’expressionnisme de film de horreur du muet (Heart of a wolf). Harcourt a un vrai esprit pop. Il s’amuse d’ailleurs à citer les Beatles, reprenant l’intro au Mellotron de Strawberry field forever sur Haywired. Après le titre est totalement différent dans les sentiments qu’ils provoquent chez l’auditeur : chaud, passionné avec un Harcourt habité dans son interprétation. A secret society révèle un Harcourt plus immédiat, plus rock dans l’âme, même si là encore, les chœurs féminins sont parfaitement en place. Les chats ne font pas de chiens. Mais dans cet équilibre fragile entre délicatesse extrême et mélodie sucrée, Harcourt se plante sur la fin de l'album. Il se laisse aller à quelques titres un peu soupe, ce qu’on pourrait appeler le Syndrome de Blunt, du nom d’un chanteur de variété britannique de sinistre mémoire (So I’ve been told, Fear of father). When The Lost don't want to be found pourrait être le générique de fin d'un Disney ce qui n'est pas vraiment rassurant. Quand on met soi-même la barre haut, dur de titiller à chaque fois les étoiles.

denizor
8
Écrit par

Créée

le 8 sept. 2015

Critique lue 48 fois

denizor

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