"Surtout, surtout, ne soyez pas vous-même !", l'avertissement en intro de ce "Magnum" ne saurait pas être plus clair : cet album est un disque où Katerine s'avance masqué, ou plutôt où il abandonne (enfin ! dirons certains...) toute profondeur, où il sacrifie cet aspect profondément bouleversant de ses meilleures œuvres antérieures, lorsqu'il s'agissait encore de gratter ses propres névroses - jusqu'à la gêne, jusqu'au sang - sous couvert d'un humour potache provocateur. "Magnum" est ailleurs, dans la célébration assez innocente d'une époque au kitsch amusant, celle de la fin des années 70, donc dans une sorte de néant artistique total, au sein duquel Katerine flotte avec un indéniable plaisir. Oh, les textes restent intelligents, parfois même passionnants, et s'ils semblent moins immédiatement personnels, ils sont toujours parfaitement en phase avec notre temps, comme par exemple dans ces défis au "genre" que lance ici Katerine. Là où le bas blesse pour moi dans "Magnum", c'est dans la pauvreté de l'inspiration musicale, qui fait qu'on a vite l'impression que Katerine recycle une paire d'idées ad libitum, une pauvreté exacerbée par la production brillante mais monolithique, répétitive, de SebastiAn, qui n'arrive pas non plus à transcender le concept original (les citations d'une époque révolue, transformée en coquille vide) pour faire naître une vraie musique.
[Critique écrite en 2014]