L'annonce de la sortie d'un nouvel album pour Dr. Dre allait poser la question de sa capacité à se réinventer, mais aussi à promouvoir de nouveaux artistes, comme il a toujours su le faire avec ses précédents disques. Sorti en 1992, rien que The Chronic a permis au truculent Snoop Doggy Dogg de se faire connaître, tandis que 2001 continuait d'asseoir la réputation de l'enfant terrible de Detroit. Compton, sorti l'an passé, n'a alors pas démérité.
A coup de clichés en studio et d'annonces en forme de teasing, le grand public avait pu découvrir les nouvelles têtes qui allaient figurer au tracklisting aux côtés du producteur. Parmi elles, King Mez et Justus représentaient la nouvelle garde qui allait devoir faire ses preuves. Si le premier commence à faire parler de lui, le deuxième a encore tout a prouver. Mais c'est une toute autre voix qui fera vraiment parler d'elle lors de l'écoute du troisième opus du Docteur.
Présent sur 6 des 16 titres de l'album, le chanteur Anderson .Paak en fut la réelle révélation et de nombreux auditeurs découvrirent avec plaisir la voix chaude et éraillée de l'artiste qui n'était pourtant pas méconnu de certains connaisseurs avertis. Il y avait d'abord eu l'album Venice, sorti fin 2014, puis le morceau « Suede », en collaboration avec le producteur Knxwledge, qui annonçait la sortie de Link Up & Suede, leur EP en commun, pour fin 2015.
Ca serait d'ailleurs grâce à cette collaboration avec Knxwledge qu'Anderson se serait fait repérer par Dre pour les sessions de son dernier album. Et encore mieux, « Animals », l'un des meilleurs morceaux de Compton, aurait été à la base un titre pour Paak, mais le producteur californien aurait insisté pour le récupérer.
Profitant de la hype autour de sa performance sur Compton, Anderson a pu montrer tout son talent en sortant coup sur coup des morceaux de qualité lui permettant d'entretenir les dithyrambes à son sujet ; Il y eu d'abord « The Season / Carry Me » produit par 9th Wonder et découpé en deux phases, l'une avec un synthé un peu lo-fi, et l'autre avec une guitare et un piano très addictifs. Puis l'un des meilleurs titres de l'album, « Am I Wrong », qui flirte avec le disco pour une prod assez rétro façon eighties, à la fois sexy et groovy. Deux morceaux qui résument parfaitement Malibu, le nouvel album du chanteur sorti en ce début d'année. Deux titres qui montrent un savant mélange entre la musique soul et funk old school et des sonorités plus récentes.
Sur cet album, Anderson Paak arrive à se défaire des codes de la soul et du RnB tout en les respectant, et il y a chez lui quelque chose d'un peu insolent, de fonceur, qui fait plaisir à voir. Mais ce n'est pas pour ça qu'il va chercher à tout prix à créer des morceaux qui collent aux standards d'aujourd'hui, c'est même plutôt le contraire. Car la plupart des morceaux sont même plutôt posés, appliqués, comme c'est le cas avec l'intro « The Bird », « Heart Don't Stand a Chance », ou encore « The Waters » avec BJ The Chicago Kid.
BJ qui ne rappe d'ailleurs pas sur ce morceau mais se contente de très bien accompagner Paak au chant, comme il sait si bien le faire. Et c'est l'un des grands points forts de Malibu ; les featurings sont tous très bien choisis et font sens à chaque fois. Que ce soit Talib Kweli sur le très beau morceau final « The Dreamer », Schoolboy Q sur « Am I Wrong », Raphsody sur « Without You », ou encore The Game sur le très réussi « Room In Here ».
Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'il y est tant de rappeurs sur cet album, tellement l'influence du hip-hop sur Anderson Paak coule de source à l'écoute de ses morceaux ou encore de son chant, parfois proche du parlé ou du flow d'un rappeur. D'ailleurs la plupart des prods sont signés de producteurs de rap, que ce soit Hi-Tek, 9th Wonder ou encore DJ Khalil, et on retrouve certains extraits samplés au début ou à la fin de certains morceaux. Et ça donne un réel cachet au disque, qui réalise un parfait tremplin entre hip-hop, soul, funk et même jazz, sans tomber dans un écueil nostalgique.
Malibu est un disque avec une grande personnalité qui sait se montrer varié quand il le faut, comme avec le titre « Lite Weight », produit par Kaytranada, avec ces sons étranges, proches de l'électro, ou ses morceaux superbes comme « Sillicon Valley », « Parking Lot », avec des magnifiques refrains très chaleureux. En plus d'être cohérente, avec de très belles mélodies, et d'être parfaitement maîtrisée de bout en bout. Une œuvre pas si mal pour un artiste qui avait commencé sa carrière sous le nom de Breezy Lovejoy et comme batteur pour une candidate à American Idol. A consommer sans modération.
Hey merci d'avoir lu cette critique ! Je suis sur Youtube depuis peu pour faire des critiques d'albums. Si ça te dit, voilà le lien vers la vidéo où je parle de cet album.
A la prochaine !