Maraqopa
7.3
Maraqopa

Album de Damien Jurado (2012)

A force de dire que Damien Jurado est le secret le mieux gardé de la planète folk, il va bien finir

A force de dire que Damien Jurado est le secret le mieux gardé de la planète folk, il va bien finir par devenir célèbre. C'est ce que l'on espère avec Maraqopa, son 12e album.


Plus le temps passe et plus Damien Jurado impose une stature digne de Neil Young, donnant son sens véritable - et malicieux - , au nom du label qui l'abrite ; le songwriter est"secrètement canadien" là où Young l'est ouvertement. Comme sur les précédents opus de ce faux Américain, Maraqopa recèle de ballades folk à la country diffuse, à la pop subtile qui fait de Jurado un songwriter d 'exception et qui le rapproche du grand Neil (Museum of Flight, Mountains Still Asleep).


Pourtant si Maraqopa est le prolongement de Saint Bartlett (2010), le précédent opus, il en est aussi le dépassement. On ne peut que rapprocher ces deux disques car tous les deux sont produits par le même homme Richard Swift. Saint Bartlett atteignait une certaine perfection dans le genre arrivant à trouver le meilleur de l'introspectif and now that I.'m in your shadow (2006), , et du plus énergique Caught in the trees (2008).


, Maraqopa explore une autre piste. Morceau de bravoure du disque, Nothing is the News montre bien, non pas la métamorphose, mais l'évolution relative de Jurado. Plongé dans une patine nostalgique - présente sur tout le disque, le morceau s'inscrit dans une tradition mêlant blues et psychédélisme, le solo de guitare semble même être exécuté par un Hendricks inspiré.


Sur Maraqopa, en filigrane, les claviers chaleureux aux sonorités délicieusement psychées adoucissent la musique, des choeurs viennent mettre en relief la voix magnifique de Jurado. Le songwriter apparaît dans une position réconciliatrice, mêlant le blanc et le noir, une vraie folk à l'âme soul en somme (Reel to Reel, , Working titles et ses choeurs franchement black). Plus que jamais, Jurado traverse l'Amérique tel le héros de"Macadam Cow Boy" mais dans l'autre sens retournant aux sources y compris temporelles de sa musique. Car si les précédents albums de l'Américain étaient inscrits dans leur époque ou avaient une visée universelle, Maraqopa, par son esprit et ses sonorités, s'inscrit nettement plus à la fin des années 60-début 70 ; la mélodie de So On, Nevada a même des faux airs de Night in White Satin mais arrangée de manière plus rustique., Tout ceci donne des petites merveilles de subtilité et d'émotions diffuses (rajoutons, Life away from the garden, Maraqopa, This time next year). Vivement le 13e !

denizor
9
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le 1 juil. 2012

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denizor

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