Il fallait du courage pour aborder Marauder sans a priori tant le groupe new-yorkais semblait définitivement enterré après deux albums faméliques. Cette descente en enfer artistique coïncidait étrangement avec le départ de Carlos D., bassiste jusqu’à Our love to admire (2007). Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! C’est donc avec surprise que l’on retrouve sur Marauder ce qui faisait le sel d’Interpol à ses débuts : des mélodies piquantes, une voix d’outre-tombe et une section rythmique à la fois dansante et souterraine. Si l’on peut déplorer un dernier quart moins mordant (mais Interpol a toujours sorti des albums trop longs, même les meilleurs sont touchés par ce syndrome de l’excès), on ne peut que féliciter le groupe, si ce n’est de s’être remis en question (leur son n’a pas bougé d’un iota depuis quinze ans), au moins d’avoir remis du coeur à l’ouvrage, d’avoir retrouvé une foi dans une sorte d’idéal rock désenchanté, qui serait exclusivement joué dans des caves moites devant un public décadent en costard cravate, adepte de poésie lugubre.