Après un album éponyme en 2010 dont l'hétérogénéité et le caractère parfois quasi-expérimental signaient la rupture entre Carlos D et le reste du groupe, El Pintor en 2014 avait marqué un retour plutôt convaincant pour un groupe ayant du se réinventer.
De cette nouvelle formule découlait un post-punk épuré reposant sur des structures simples, des riffs efficaces, une batterie toujours si subtilement présente et les thèmes chers au parolier Paul Banks.
Fidèle à leurs habitudes, les new-yorkais avaient soigné le début et la fin de ce disque avec des morceaux à la personnalité forte.
Toutefois, il faut bien l'admettre, un certain je ne sais quoi résidant dans la complexe simplicité du son Interpol n'avait pas survécu au départ de l'élégant Carlos. Un supplément d'âme comme dirait l'autre ...
Quatre ans plus tard, quel chemin auront poursuivi les trois camarades pour ce nouvel opus, alors qu'ils fêtent cette année les 20 ans d'existence du groupe ?
The Marauder dresse un chemin sonore tortueux et confus, lorsqu'il ne mène pas tout simplement à des impasses. La parution du single The Rover avait déjà de quoi laisser circonspect, s'ouvrant sur une mélodies des plus banales et se poursuivant sur une lancée n'étant pas d'avantage séduisante. Quant à Number 10, dont l'énergie aurait pu être séduisante, ce dernier cristallisait les errements de Dave Friedman à la production. Un son sursaturé et des guitares indistinctes s'opposant à la clarté des mélodies qui jadis se répondaient, une batterie excessivement mis en avant, rompant avec l'équilibre entre les instruments qui, autrefois, régnait. Et que dire de cette basse étonnamment terne ?
ll y a le traitement du son, puis les compositions. Là aussi, le résultat est pour le moins mitigé.
A des morceaux s'inscrivant parfaitement dans la veine rock mélancolique Interpol tels que If You Really Love Nothing, Flight Of Fancy ou encore NYSMAW, se joignent des incongruités assez embarrassantes. Complications avec son thème poisseux évoque un mélange de lo-fi et de ska assez indigeste. La même gêne est suscité par le riff rockabilly introduisant Stay In Touch.
Néanmoins, ici et là surgissent des moments autrement plus exaltants comme ce Mountain Child montant en puissance et jouant habilement du contraste entre la voix chaleureuse et posée de Banks dans les premiers instants puis un chant se faisant plus lyrique et expressif ensuite.
Surveillance semble condenser l'identité trouble de ce disque; avec une seconde moitié enthousiasmante succédant à une première partie assez fade.
Au final, The Marauder porte bien son nom et l'on se prend à espérer que les errances terriennes laisseront place à l'avenir au spleen maritime et aux voyages éthérés qui nous fait aimer ce groupe.