Fruits de la passion
Oyé ! Oyé ! Voici venir l'objet de toutes les attentes ! Espoirs et craintes se sont conjugués au conditionnel. Bien avant sa sortie, "Marbles" fît couler une encre enflammée, confronté aux pires...
le 14 janv. 2012
8 j'aime
Je vous jure, ça m'effraie. Les critiques de séries ou de films, j'en écrit depuis suffisamment longtemps pour être relativement à l'aise (je parle bien d'être à l'aise, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit hé ho). Mais les critiques d'albums, que dire dessus ? Il y a tout un tas de termes "techniques" dont je ne sais foutrement rien, une façon de parler d'harmonie générale et de nuances qui ne me parle pas. Pourtant, il fallait que j'écrive quelque chose sur Marbles, sur ce coup de foudre tout frais qui m'a émerveillé. Donc je vais le faire de la seule manière qu'il m'est possible, c'est-à-dire en temps réel, comme je l'ai découvert, avec mes impressions et sensations aussi futiles et ridicules soient-elles parfois.
Je met en route le disque (bon c'est Spotify mais faut se mettre en condition). A noter que la version Spotify n'est pas la même que celle sur SC, mais la critique reprend l'ordre de SC (car je leur fait confiance, je suis un ouf).
A lire en même temps que t'écoutes l'album.
Premier morceau, presque le plus long, The Invisible Man. Des notes cuivrées, puis une ligne de basse énergique commence. Des rythmes presque exotiques, une guitare distordue joue quelques notes. Tiens, ça ne ressemble pas tellement au rock progressif que j'ai l'habitude d'entendre depuis quelques semaines (oui je suis en plein dedans en ce moment). La voix du chanteur se fait entendre, une voix languissante au chant presque oriental. Petit effet numérique de quelques secondes, puis léger silence. C'est doux pour l'instant, mais ça intrigue. Après tout, le morceau fait treize minutes, tout est encore possible. Ca continue, un son délicieusement pop prend le dessus, ça se suit sans déplaisir mais le coup de coeur était encore loin. Petite montée en puissance au milieu du morceau, la voix commence à m'envoûter peu à peu. Mélodie du rêve, comme un moment de suspension interminable, et pourtant c'est l'ouverture de l'album. Et là BOUM, coupure, le piano prend la tête de la mélodie. Un peu de guitare aussi, ça penche vers le slow. Nouvelle coupure, tout disparaît sauf quelques accords de piano et la voix du chanteur, semblable à un dernier chant de mort. Nouveau phrasé, le piano disparaît pour laisser place à une douce basse. "I know what you can take". Un synthé s'ajoute, donnant un ensemble soudainement extrêmement mélancolique sans que je puisse l'expliquer. Putain, c'est tellement puissant, je me sens voler. La batterie s'ajoute, oh my god c'est orgasmique. Le chanteur devient plus énergique, la guitare s'ajoute, le tempo augmente autant que celui de mon pouls. "I will scream again", donc je crie aussi. Intérieurement, sinon mes voisins vont se demander ce qu'il se passe ! Et là, cri puissant du chanteur, mon imagination prend place. Ca y est, je ressens la vie. Puis tout s'arrête, d'un coup.
Ok, bon, ça commence bien.
Marbles I, bon ça repose un peu. Petit chant minimaliste, la batterie donne tranquillement le tempo pendant deux minutes à peine. Doux interlude.
Puis vient Genie. Jolie mélodie à la guitare, répétitive presque comme une comptine. Je venait d'entrer dans le rêve donc tout va bien. C'est légèrement guimauve, mais c'est beau. Pas magnifique non plus, mais ça fait du bien juste une belle balade parfois. Le refrain est plus énergique, le genre que je pourrai caler en fin d'épisode de The O.C.
Allez, c'est parti pour Fantastic Place. Ca commence tranquillement, mais d'une triste tranquillité. Le chant qui vient après l'intro le confirme. Je repense à Streets of Philadelphia de Bruce Springsteen et le joli spleen de sa mélodie. Puis la batterie entre en scène, ça y est je fond sur place. Joli solo de guitare accompagné de longs accords de synthé, puis revient le refrain. Putain, il est beau le refrain. Ca y est, je vois des mouettes dans mon esprit, ça m'inspire, ça me fait rêver.
(Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais je suis assez fleur bleue (disons romantique pour le sport)).
Mais il est vraiment beau ce refrain en même temps.
Place donc à The Only Unforgivable Thing. Putain, je vais encore chialer. Des synthés rappelant la sonorité de l'orgue, une douce guitare aigüe minimaliste et un chant languissant. C'est tout ce dont il y a besoin. Le morceau est quand même moins puissant que le précédent, mais la deuxième partie part dans une ambiance plus "progressive", la batterie fait des siennes en jouant beaucoup sur les cymbales, la guitare devient soliste, les synthés et le chanteur sont plus énergiques. La musique atteint une élévation supplémentaire. Fin de mélodie à l'orgue, disparaissant peu à peu...
Marbles II, j'ai l'impression d'être un bébé de 3 ans qu'on essaye d'endormir avec une mélodie de doudou. Rapidement, la mélodie prend une nouvelle fois aux tripes, elle semble plus positive, presque comme un nouvel éveil. Etrange sensation.
Ocean Cloud arrive à mes oreilles. Tiens, encore des mouettes. La guitare est beaucoup plus réverbérée, la voix du chanteur profonde, puissante. Putain si c'est ça pendant 17 minutes, je vais tomber dans les pommes avant. Comme prévu, dès que la batterie se lance, c'est l'extase. Quelques synthés discrets se rajoutent, une basse en arrière-plan. Petit moment de suspension, puis la batterie s'élance et mon coeur avec. Ca y est, la guitare se met à composer une mélodie soliste magnifique, entêtante, infinie. Petits interludes à coup d'accords puissants, comme des vagues qui me frapperaient le visage. Le chanteur pousse des cris qui s'éloignent au loin, le temps devient dilaté, irréel, puis s'efface... Les mouettes reviennent, serais-je revenu à la réalité ? Une dégringolade de synthés se fait entendre, puis des voix de radio. Me serais-je échoué dans un coin perdu ? Ou alors dans le futur ? Ces remous me remouent le ventre. Wouah putain c'est quoi cette basse qui arrive d'un coup, cette batterie puissante et ces guitares discordantes ? A peine ais-je le temps d'être surpris par cette attaque que je repars en transe. Quelle puissance soudaine ! Puis le chant de la première partie revient. C'en est presque rassurant, je peux reprendre mon rêve. Une tonalité plus inquiétante se fait entendre au bout de quelques minutes, puis une suite de cris mortuaires du chanteur. La mélodie reprend, plus dure cette fois-ci, comme une épopée post-apocalyptique. Le chant mortuaire devient guerrier. Le chant finit par disparaître, ne laissant que les guitares. Pause. Puis le solo revient, aussi puissant qu'avant mais ayant l'avantage de tout ce qui précède. A nouveau le refrain, le temps de quelques phrasés qui laissent rapidement la place aux mouettes. La nature reprend son cours, à peine perturbées par quelques notes de guitares, de longues cymbales et de synthés rêveurs. Puis la mer.
Marbles III, ça fait longtemps ! Un piano faisant quelques notes répétitives, presque inquiétantes, mais le chant et la basse viennent contredire cette impression. Puis une très belle mélodie piano/guitare, qui accroche l'oreille et le coeur immédiatement, et le chant qui vient l'accompagner ensuite. Le morceau est déjà fini.
The Damage surprend par son énergie pop. La mélodie à la guitare reste belle, mais le tempo donné par le piano est pêchu, dansant.
Don't Hurt Yourself comme par de jolis accords à la guitare sèche. Je ne sais pas encore si ça va être un morceau triste ou joyeux. En fait, et c'est là finalement toute la beauté de l'album dans son entier, c'est entre les deux. La mélodie est joyeuse, mais quelque chose fait, dans la voix du chanteur et dans la sonorité des instruments, que je ressens de la mélancolie. Le plus beau des sentiments on pourrait dire. Le refrain est un peu kitsch, "don't hurt yourself", c'est vrai. Mais on se laisse emporter par sa sincérité, son chant naïf mais porteur de positivisme. Le morceau disparaît calmement, lentement.
You're Gone. Tiens, encore un morceau énergique. Comme d'habitude, la mélodie est magnifique. Avec cette guitare, je me sens revenu dans les années 90, ce son qui m'a fait tant aimer des films comme Point Break. Assez semblable à U2 aussi. Je ressens la pleinitude. Plus de six minutes de pur bonheur.
C'est donc le tour d'"Angelina". Ca commence par des bruits bizarres, quelqu'un zappe des stations de radios. Une douce mélodie guitare/chant/synthé discret. Un pur moment de slow, logique finalement pour un morceau portant le prénom d'une femme. Mais... la sonorité change... je me retrouve encore une fois sur la mer ou dans le ciel, je ne sais pas bien. Le refrain change de tonalité pour donner un chant d'une grande beauté. Les nappes phréatiques synthétiques qui parviennent à mes oreilles semblent arrêter le temps, juste le temps que le refrain revienne. Cette fois-ci, une voix féminine accompagne le chanteur. Magnifique surprise. S'en suit un petit solo bluezzy avant d'entamer le dernier refrain. Mais la guitare nous accompagne encore, laissant le chanteur dire un dernier phrasé avant les notes de fin.
Drilling Holes. Le titre est rigolo en tout cas. Des oiseaux se font entendre, mais rapidement le son se fait plus rock, au tempo déséquilibré, dissonant. Morceau étrange, pas déplaisant pour autant, notamment pour sa savante alternance entre ces moments bruts et d'autres plus doux au clavecin et voix feutrée. Que d'instruments utilisés dans Marbles !
Tiens justement, voilà Marbles IV, le dernier avant le grand final. Dernière touche de tranquillité avant l'émotion pure. Rythme tranquille, sons de sonars ponctuant mélodie au piano.
Et puis Neverland. Quelques sons étranges, puis suite d'accords sublimes au piano. Des violons arrivent, lents et beaux, puis chant. Les accords de piano reprennent, encore plus beaux qu'avant, et là BOUM la batterie entre en scène ! Ca y est, le morceau est commencé, le rêve bientôt terminé. Les guitares sont plus puissantes durant le très beau refrain, puis dernier coup de cymbale et silence. SOLO DE GUITARE ! Mes oreilles n'en croient pas leurs oreilles (mise en abyme), c'est juste magnifique ces cing petites notes, rien de plus rien de moins. Comment cinq notes peuvent me procurer autant d'émotions bordel ? Le couplet reprend, puis le refrain, j'en veux encore, j'en veux PLUS ! Et je sais que je vais l'avoir, et c'est beau. Ca chante à tue-tête pendant le refrain, puis à nouveau silence. Piano et guitare sèche, pendant qu'un unique son de guitare électrique se fait entendre au loin. NOUVEAU SOLO ! C'est extraordinaire, c'est puissant, c'est la vie dans la musique ! Le chant devient un écho, "sky", la batterie tape fort, la guitare reprend son solo d'une manière plus languissante. Et ça continue, pendant une minute, deux minutes, trois minutes. J'ai l'impression que le rêve ne s'arrêtera jamais. La guitare soliste reprend à nouveau le dessus, mais le chant devient aussi plus fort. Les deux se rejoignent dans une parfaite harmonie. Le tempo finit par se ralentir, la puissance sonore diminue, les accords se posent. C'est bon, c'est la fin. Des scintillements auditifs retentissent en dernier, comme si effectivement, tout ceci n'était qu'un rêve. De plus en plus légers, ils laissent alors la place au silence.
Je regarde mon portable, il est 3h du matin.
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Créée
le 27 sept. 2015
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c'est toujours la même histoire, il y a des morceaux un peu longuet mais toujours pas mal même si on a pas toujours envie de réécouter.
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