Master of Puppets
7.6
Master of Puppets

Album de Metallica (1986)

Parfois je me demande pourquoi cet album est troisième de mon top 10 ou pourquoi c'est mon album préféré de Metallica. Ce questionnement ne dure en général que quelques minutes, puisque je le réécoute dans la foulée et doit ensuite ramasser mes dents.


Mais commençons par le début. Il faut savoir qu'en 1986, Metallica c'était du sérieux. Après avoir créé le thrash metal avec Kill 'em All en 83 et lui avoir donné ses lettres de noblesse avec le quasi-parfait Ride the Lightning en 84, les Californiens étaient attendus au tournant. Et comment peut-on créer autre chose qu'un album parfait avec un line-up pareil :
-James Hetfield au chant et à la guitare, dont les riffs acérés et la rage de chant trouveront certes leur apogée sur l'album suivant mais portent celui-ci quasiment à eux tous seuls.
-Kirk Hammett à la guitare qui apporte un peu de douceur dans ce monde de brutes avec ses solos si mélodiques. Il n'avait pas encore fait de la wah-wah sa marque de fabrique, et ça s'entend.
-Cliff Burton, dont la mort quelques mois après l'enregistrement de cet album changera la face du groupe à tout jamais. Sa basse puissante et mesurée se pose à merveille sur chaque morceau, et surtout sur "Orion", qu'il à lui-même composé.
-Lars Ulrich, avant d'être la risée d'internet, était effectivement un très bon batteur. Chaque coup de fût ou de cymbale est une baffe supersonique dans la gueule de l'auditeur.


Ce qui est dingue avec cet album, c'est que même les chansons les plus "faibles" ("The Thing that should not be" et "Leper Messiah") sont quand même des tueries. Quand tu arrives à ce niveau de qualité, c'est plutôt bon signe.


L'album commence tout en douceur avec quelques accord de guitare sèche qui nous feraient presque croire qu'on s'est planté de disque. Mais à peine quelques secondes plus tard le déluge de mandales commence, les riffs pleuvent. Metallica démarre en puissance. Puis, alors que tu profite de la fin de la chanson pour reposer tes cervicales, le morceau-titre démarre et te mets direct quatre châtaignes à travers la gueule. Pendant 8 minutes 30 Metallica montre et démontre que ce sont eux qui ont inventé le thrash. Un morceau complet, dans le sens où il propose des riffs puissants, une batterie violente, des passages mélodiques plus posés et un solo dantesque. L'un des morceaux les plus efficaces que le groupe proposera. "The Thing that should not be", comme je l'ai dit plus haut, est un peu plus faiblarde, mais s'en sort avec les honneurs grâce à des paroles travaillées. "Welcome Home" vient ensuite, et est certainement la chanson la plus mélodique de l'album. Une intro magnifique et des paroles superbes inspirées par le film Vol au-dessus d'un nid de coucou. Un grand moment. Et puis arrive "Disposable Heroes", qui donne d'entrée un ton martial avec son combo guitare-batterie bien burné. Ici, on parle de guerre, et c'est le Metallica de la grande époque qui écrit, et on a droit à des punchlines comme celle qui sert de titre à cette critique. Bougrement efficace. "Leper Messiah", la chanson la plus faible de l'album, est tout de même appréciable grâce à son riff accrocheur. Depuis son premier album Metallica aime proposer des tires instrumentaux et le fait magnifiquement bien, à l'image de "The Call of Ktulu" qui fermait Ride the Lightning de manière surprenante et envoûtante. Ici c'est "Orion", véritable usine à riffs de guitare comme de basse, qui a la dure tâche d'exprimer des émotions sans l'aide de paroles. Et s'en sort plus que bien, décrochant la mâchoire de l'auditeur après lui avoir abîmé les cervicales. Un morceau tout en maîtrise qui montre une fois de plus l'étendue du talent de ces musiciens. Pour conclure, "Damage Inc." démarre si doucement et si langoureusement qu'on a tendance à l'oublier. Et pourtant... On tient là, à mon humble avis, l'hymne par excellence du thrash (qui ne sera égalé en violence que par "Dyers Eve" deux ans plus tard). Après un album d'un telle intensité, on se dit que le groupe a tout donné, qu'il ne lui reste plus rien, mais Metallica a gardé le meilleur pour la fin et pulvérise tout sur son passage avec ce morceau sans concessions, qui tape dans les gencives à grand renfort de double pédalage. C'est également un des meilleurs solos de Kirk Hammett et une manière incroyable de clore l'album.


Cet album verra l'apogée de Metallica (continuée avec leur autre chef d'oeuvre, ...And Justice for all) qui ne se remettra jamais vraiment de la mort de son bassiste. Ils nous auront servi un testament du thrash avec ce Master of Puppets de grande qualité, et le thrash ne sera d'ailleurs plus un style majeur une fois que les Four Horsemen s'en seront détournés. Reste un album violent, direct, efficace et indispensable pour tout amateur de metal. J'attends avec impatience la tournée qui verra cet album joué dans son intégralité, il le mérite amplement.

Créée

le 13 mars 2016

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