Mein Sohn William est bien le genre d’artiste qui fait bouger les lignes. Une sorte d’électron libre à la musique intensément salvatrice. Vous ne le savez peut-être pas mais il existe pour les enfants téméraires une série de peluches appelée les Déglingos. Des animaux aux formes explosées, aux différents imprimés bigarrés ; des chimères en chiffon loin de petits nounours politiquement corrects. On n’est pas dans le mignon mais dans l’expressif. Et bien Mein Sohn William, c’est un peu le déglingos de la musique. J’arrête là cette comparaison un peu limite mais elle a le mérite de poser un personnage. Plus qu’un musicien, un personnage. Plus que de la musique, une vision. Ou un délire où celui qui sort vraiment gagnant est l’auditeur, se trouvant en face d’un disque atypique, original et fort en goût. Mais reprenons les choses au début, derrière le pseudo se cache le seul Dorian Taburet, homme-orchestre adepte du home studio et de l’oversampling.
Le Rennais a été repéré par les Transmusicales (bel et bien le festival créé pour lui) et a déjà partagé la scène avec l’Enfance Rouge, Gablé, The Go ! Team, Jonathan Richman ou Cheveu, une diversité d’artistes montrant bien que le chaotique Mein Sohn William déborde largement les genres. Chacun pourra toujours chercher une filiation, tentons le nom de Talking Heads mais dans une version solitaire bricolo et lofi avec boucles addictives voire transe, synthés cheap et guitare cabossée. Accélération impromptue de rythme, télescopages de styles et de sons, esprit punk dada, ce premier album se permet beaucoup de chose mais ne perd jamais en chemin sa musicalité. La preuve Dorian lui même dont la présence alterne entre spoken word échevelé et belles harmonies vocales entre David Byrne et Zach Condon. Court (à peine 26′) mais tellement bon. D’ores et déjà une des révélations de l’année et un artiste qu’il faudra suivre à la trace.