On ne pouvait, dans ce milieu des années 90, capter Ouï FM qu'en traversant la région parisienne, je me souviens. Et dans le souvenir, au volant de mon véhicule avançant vers le couchant, contournant Paris telle une sonde spatiale s'approchant de Jupiter afin de se catapulter vers un but plus lointain, la radio rock parisienne diffusait une émission dédiée à la sortie de ce monumental Mellon Collie And The Infinite Sadness qui trouva alors place quelques jours après dans la discothèque grandissante.
De ce vaste album partagé en deux fois quatorze titres, les intérêts préférentiels semblent plus converger vers sa première moitié :
"Tonight, Tonight" étreint par son orchestration symphonique, est la touche romanesque de l'oeuvre avant que le plein pouvoir au rock carnassier déboule avec "Jellybelly". "Here Is No Why" assène agréablement de ses coups tranchants des guitares. Il y a évidemment le morceau "Bullet With Butterfly Wings", "Love" qui se faufile dans la tête d'une façon insidieuse, ainsi que "Porcelina Of The Vast Ocean" magnifiée de sa parure progressive qui ne laisse pas indifférent avant de plonger vers la nuit …
Cette seconde moitié propose des plages plus apaisées surtout vers sa fin. Il ouvre d'abord sur un menaçant "Where Boys Fear To Tread", qui peut risquer d'être confondu avec "X.Y.U.", avant de vrombir avec "Bodies" et de flotter sur un nuage avec "Thirty-Three". Le plus crépusculaire dans la liste, "1979" embaume d'une nostalgie palpable de besoin constant d'être ailleurs avant le retour de la rage qui se manifeste pour "Tales Of A Scorched Earth". Parmi les cinq dernières plages dès "We Only Come Out At Night" avec ses beats et son clavecin, une bizarrerie bienvenue ma foi, "By Starlight" décroche le pompon vers les confins en tant que lent pulsar berçant dans la galaxie de Billy Corgan.
De Mellon Collie And The Infinite Sadness, on en sort comme d'une odyssée de spleen et de fureur où parmi les noirceurs traversées s'illuminent quelques étoiles consolantes.