Voyage expérimental avec le nouvel album de MGMT
Trois ans après le choc Congratulations, deuxième album du groupe qui marqua une rupture évidente avec leur premier essai Oracular Spectular, énorme succès public et critique, MGMT vient de sortir un nouvel opus sobrement intitulé MGMT qui ne laissera indifférent personne.
Véritable condensé de hits (« Time to Pretend », « Kids », « Electric Feel »), le premier opus a eu le mérite de faire découvrir ce duo déjanté composé d’Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser au grand public. Attendu au tournant, Congratulations déçu beaucoup de monde car les deux compères avaient pris une direction différente, moins electro pop et plus expérimentale ce qui n’était pas au goût des fans de la première heure. Retour aux sources avec MGMT ? Que nenni, le pied de nez continue avec un album ovni, conceptuel et très difficile d’accès, bref un anti Oracular Spectacular en puissance.
Ça commence cependant par du relatif classique avec « Alien Days », un titre qui avait déjà été dévoilé plus tôt dans l’année et qui porte la marque du groupe. On pense alors naïvement que le groupe revient aux sources, mais rapidement on se rend compte du contraire. « Cool song n°2 » est un véritable ovni (renforcé par le clip ultra perturbant voir ci dessus) et aux antipodes de l’electro pop dynamique du premier album. « Mystery disease » s’inscrit dans la même veine, pas de refrain, pas de rythme entraînant, mais un voyage psychédélique et électronique emportée par la voix douce de Andrew Van Wyngarden. Légèrement plus pop mais néanmoins toujours aussi peu accessible « Introspection » est l’un des morceaux les moins intéressants de l’album, car peut être le moins original. Cette première partie d’album se conclut avec le single « Your life is a lie » qui divisa à sa sortie et qui pourtant se pose clairement comme le titre le plus accessible de l’album ! Son rythme haché et sa puissance en font un véritable hymne à l’étrangeté de la vie et une synthèse parfaite de la musique délirante que produit le groupe depuis Congratulations.
Les oreilles chauffées à bloc, on attaque la deuxième partie de l’album conscient qu’on ne sortira pas indemne de ce trip. « A good sadness » nous emmène sur des sphères rarement explorées dans le monde de la musique indie, très electro et très spatial, une sorte de rencontre entre Daft Punk et Brian Eno arbitrée par les Flaming Lips , chose que personne n’aurait pu oser, à part évidemment nos deux compères de Brooklyn. L’enchaînement « Astro-Mancy » et « I love you too, death » reste le sommet de l’album, plus haut encore dans la complexité et l’étrangeté, dans l’irréel. On atteint un tel niveau d’expérimentation, qu’il en devient même difficile de le décrire, mais difficile de ne pas succomber, car le charme opère. « Plenty of girls in the sea » nous renvoie un peu à Oracular Spectacular, à du MGMT plus pop mais toujours aussi psyché. La conclusion de l’album « An Orphan of Fortune » synthétise parfaitement le contenu de ce troisième album, brillant, puissant, audacieux, expérimental mais pas accessible à tout le monde car trop complexe. C’est d’ailleurs globalement ce que l’on peut reprocher à MGMT, d’être devenu un groupe trop ambitieux à la limite de la prétention. Cet album ne plaira donc pas à tout le monde, mais a le mérite d’être extrêmement original et de ne ressembler à quasiment rien de ce que propose la musique actuelle.