Dans la continuité de J'accuse et Messina.
Il faut toujours se laisser un peu de temps pour bien apprécier un album de saez. Le temps de laisser tourner les musiques, de bien écouter les paroles, de s'en imprégner. Impossible de juger à la première écoute.
C'est donc avec pas mal de temps de retard que j'écris cette critique, tant pis pour mon temps de réaction.
Alors, qu'est-ce qu'on a là? Je suis en fait plutôt du même avis que vieuxwerther: Saez nous pond un album entre Messina et j'accuse. On retrouve l'aspect très rock de J'accuse, très cru, les guitares saturés et sa voix qui se déchire reviennent pour nous séduire (ou nous insupporter; avec moi, la sauce prend).
Pourtant Saez ne se contente pas de nous ressortir un second J'accuse. Tant mieux d'ailleurs, car son message d'enragé, on a fini par le comprendre, et le répéter en boucle de façon aussi crue n'apporterait rien. L'artiste l'a comprit, on l'a bien vu avec Messina, qui avait une visée esthétique plus présente, avec ces trois parties distinctes, la première si triste et mélancolique, la seconde avec un esprit rock très fort, et la troisième vers une nouvelle forme, vers un nouveau saez...quelque chose de plus mature. Ce triple album annonçait l'évolution de Saez, je pense.
Il y a toujours eu ces morceaux tristes, d'une voix aigue, mélancolique, qui emmerdent tellement les gens en concert qui ne sont venus que pour Jeune et Con. Il y a toujours eu aussi cet aspect rock cru qui définit une partie de la musique de Saez. C'est sa mélancolie (souvent amoureuse, d'ailleurs) associée à sa révolte (plus sociale) qui composent les deux visages de l'artiste. Mais avec le triple album Messina, Saez nous présentait l'association de ces deux visage, pour en faire émerger quelque chose de nouveau, de plus complexe, avec une importance plus prononcée pour l'instru, avec des textes aussi engagés mais qui s'égarent parfois sur d'autres rives.
Et voila que Miami apparait, né de cette fusion de styles. Ce n'est pas vraiment un renouveau, c'est une continuité, c'est la suite logique de ce que devait produire cet artiste, qui évolue au fil de ses albums, entre rage et désespoir, recherche de l'esthétique, du beau dans le sombre.
Et ça fonctionne, très bien même.Le rock percutant de Saez nous touche, mais pas de la même façon que J'accuse. Là où j'accuse nous donnait envie de tout casser, de brandir un poing révolté, Miami nous assène tout cela avec un je ne sais quoi de plus, un je ne sais quoi qui ne touche pas notre besoin d'indignation mais notre besoin de beau.
Bref, un album que j'apprécie beaucoup, même s'il faut avouer que les thématiques et les paroles de Saez finissent par se répéter, jusqu'à risquer d'en devenir lassantes. Bien sûr l'artiste ne s'arrêtera jamais de protester, bien sûr il ne s'arrêtera jamais de nous asséner tout cela de sa voix trainante et écorchée. Mais voila qu'il a fait un pas vers un quelque chose d'autre; peut-être pourras-t-il varier également ses thématiques, ses paroles. Je ne peux que l'espérer, en tous cas!