Pas si gangsta

C'est moi ou on dirait que cet album vient de sortir ? En quelques jours j'ai vu apparaître plusieurs critiques de "Moment of Truth" chez mes éclaireurs, sans trop comprendre cet intérêt soudain pour un album de hip-hop sorti il y a quinze ans. Il y a un côté contagieux dans les critiques, il suffit qu'une personne en parle et d'autres suivent...

Mais ça tombe bien à vrai dire, puisque j'écoute principalement du hip-hop en ce moment et que celui-là traînait dans mes recommandations depuis un bail. Donc je me lance, même si je sens bien que je vais galérer à faire une critique d'album où je ne parlerai pas de riffs, de contre-temps, etc. Aussi vous ne m'en voudrez pas de reprendre quelques propos lus ça et là sur cet album pour mieux éclairer le mien.
Au passage je précise que je ne fais jamais gaffe aux paroles, dans le hip-hop comme ailleurs. Le mec peut raconter les pires saloperies qu'il veut, si la musique est bonne, ça m'importe peu. Bien sûr, c'est plus facile d'ignorer les paroles quand on ne comprend pas ce que le gars veut dire...
Dans le cas de Gang Starr on sent bien que le ton est moins cru qu'un Mobb Deep par exemple.

Le duo parvient bien à capter tout ce qui me plaît en hip-hop : l'instrumentation comme la production sont soignés et forts plaisants. Le groove est efficace - juste à point, pas saignant -, la basse bien mise en avant, sans appuyer grossièrement sur le beat ; on sent bien DJ Premier derrière le projet, c'est léger et propre en tout point. La formule est minimaliste, et parfois quelques notes de piano suffisent ("Work") à entraîner l'auditeur, sans que les morceaux ne se perdent trop en longueur.
On baigne dans un style doucement jazzy mais avec un son toujours vif et dynamique, jamais plombé par une instru trop lourde et un trop-plein de samples. Ils trouvent un ton juste qu'ils gardent tout au long des vingt titres avec une fidélité assez bluffante. C'est peut-être ce côté très sage et propre sur lui qui va m'empêcher d'apprécier Moment of Truth comme j'ai apprécié The Infamous où l'émotion était plus viscérale.
Mais ça reste(ra) définitivement un standard qui s'inscrit dans une lignée hip-hop que j'affectionne particulièrement, et je ne peux demeurer insensible à ses charmes.