L'exercice de l'Unplugged semblait faire partie de la destinée d'Alice in chains, légendaire groupe de grunge souvent resté plus ou moins dans l'ombre de Nirvana.
Malgré mon amour pour le trio de Seattle c'est bien Alice in Chains qui m'a fait aimé le grunge. Celui d'AIC est un grunge lorgnant presque vers le Metal, un grunge torturé, sale, mélancolique, dépressif et musicalement exceptionnel.
La comparaison entre les deux est inévitable, le concert de Nirvana au MTV unplugged est un classique, celui d'Alice in chains est une perfection.
Le groupe n'avait pas joué ensemble depuis 3 ans et Layne Staley se présente sur une scène remplie de bougies, sombre mais emprunt d'une chaleur si singulière. Layne Staley se présente sur cette scène alors que Jerry Cantrell joue les premières notes de la sublime " Nutshell ". Layne Staley se présente meurtri, cadavérique, un teint pâle, un corps squelettique, lunettes de soleils de vigueur comme pour cacher le fond de son âme.
Son enveloppe physique est morte, détruite par la prise de drogues dures qui l'accompagnent depuis des années maintenant mais sa voix, elle est intacte, bouleversante. Les doutes s'envolent, il est bien vivant, sa voix est plus belle et triste que jamais. Dès le moment où il se met à chanter on comprend tout de suite que quelque chose se passe, on comprend que l'on assiste à un live exceptionnel et sans aucun doute le plus beau live enregistré sous cette forme unplugged.
Le reste du groupe n'est pas en reste bien sûr. Cantrell, tête pensante du groupe lâche certains des plus beaux solos acoustiques jamais conçus. AIC qui pourtant a un registre bien plus rude que celui de Nirvana, n'utilise que des instruments acoustiques en total accord avec l'ambiance du plateau, le rendu est fou, magnifique et triste. " Down in a hole " en est le parfait exemple tant il est dur de ne pas ressentir une infinie tristesse qui s'en dégage en observant ce Layne Staley mourant qui livre un chant du cygne sublime, sa dernière grande performance avant son décès en 2002.
L'écoute du CD est déjà merveilleuse, elle n'en est que plus belle avec la vidéo on sent une complicité bienveillante entre Cantrell et Staley, le premier semblant vouloir prendre soin de son pote en lui lançant ses plus beaux sourires, comme s'il était rassurer de savoir qu'à l'intérieur, son Layne était toujours vivant.
Faut-il écouter d'autres albums d'AIC avant l'écoute de celui-ci ? Oui, au moins Dirt pour bien comprendre à quel type de musique on a affaire, avant de tomber de haut à l'écoute de ce live historique. Il serait bien dommage de se passer d'une des plus belles performances live de l'histoire de la musique.