Je connais cet album absolument par cœur : les chansons bien sûr, mais également chaque petit détail :
Le claquement de mains de Kurt sur l’intro de Lake of fire, le sarcastique “I only have three cups of tea already, but thank you” à la fin de Something in the way ou bien l’intro à la batterie de Scentless apprentice avant de commencer All apologies pour n’en citer que quelques uns.
On va essayer de laisser de coté ce qui a été déjà dit à maintes reprises sur ce live, à savoir l’aspect testamentaire de cet enregistrement et la prestation magistrale de Kurt.
Un mot sur les deux autres membres de Nirvana trop souvent éclipsés par le charisme écrasant de Cobain :
C’est assez rare pour le souligner, l’utilisation de la basse acoustique donne un timbre vraiment particulier aux chansons, je me demande pourquoi on ne l’utilise pas plus souvent.
Quant à Dave Grohl, il fait un boulot admirable à la batterie, que ce soit avec des balais ou des baguettes classiques il dose parfaitement la puissance pour un jeu tout en retenu et Dieu sait que c’est difficile de ne pas couvrir les autres instruments (tous ceux qui ont déjà joué en groupe savent de quoi je parle).
Pareil pour ses backing vocals suffisamment discrets pour simplement sublimer la voix de Kurt Cobain.
Le choix de la setlist est très audacieux : là ou tout le monde attendait les hits du groupe, Cobain a opté pour des reprises (pour la plupart obscures) qui représentent la moitié du set.
On sent bien qu’il n’en avait absolument rien à foutre de ce qu’attendait les gens (de là à dire qu’il cherchait à les faire chier, il n’y a qu’un pas) et qu’il voulait avant tout se faire plaisir.
Résultat ? Ces reprises sont désormais considérées comme des classiques de Nirvana.
(Anecdote amusante : après la sortie du live, Bowie a eu régulièrement le droit à des ptits jeunes venant le remercier à la fin de ses concerts pour avoir repris « The man who sold the world » de Nirvana).
On a tendance à l’oublier car cet album est le plus connu avec « Nevermind », mais à l’époque, Nirvana était vu comme un groupe brouillon qui cachait la pauvreté de ses compositions derrière un son crade et des hurlements.
Mais ses détracteurs ont dû se rendre à l’évidence : Kurt Cobain était un songwriter d’exception et d’une sensibilité à fleur de peau.