L’humanité n’est pas prête pour autant de beauté. Seulement, personne n’a prévenu Agnes Obel.
Après « Aventine » et « Citizen of Glass », ses deux précédents opus aussi sublimes l’un que l’autre, la musicienne danoise nous prouve une fois de plus, avec ce 4e album, que la perfection ne lui suffit pas, et qu’il est encore possible d’en repousser les limites.
D’une infinie délicatesse, « Myopia » va toujours plus loin dans l’expérimentation sonore, sans pour autant perdre son auditeur dans les méandres d’une oeuvre inaccessible. L’ambiance est feutrée, les images floues, et pourtant l’expérience est inoubliable.
Agnes Obel nous guide à travers les lignes de l’écran, elle nous le fait traverser sans mal. Derrière, les mélodies de piano, magnifiques bien sûr, ponctuent le bourdon du violoncelle qui imite le chant. À l’inverse, les voix se transforment, s’entremêlent et prennent la place des instruments. Les repères sont perdus, les codes bousculés. L’auditeur navigue ainsi entre les différentes strates, d’un morceau à l’autre, morceaux qui semblent n’être plus qu’une seule et unique pièce musicale découpée en plusieurs mouvements. On croit y voir les spectres de Kate Bush, de John Cale... mais ce ne sont que des mirages lointains. Une vision de l’esprit. Car Agnès rayonne de sa propre lumière.
Subtil, merveilleux, totalement immersif, ce nouvel album est la preuve irréfutable qu’Agnès Obel est une artiste rare : son travail, sans concession, est à la fois follement inventif et extrêmement envoûtant. Laissez vous (sur)prendre.