Un disque intitulé New York Tracks 2001-2002 et qui sort un 11 Septembre, ça fait un peu flipper. Et quand on apprend que c’est Emmanuelle de Héricourt aka Edh qui est aux manettes, on a carrément la tremblote du mouton.

A ce jour on connaissait surtout la française pour ses accointances avec le terroriste de l’électro-pop, Hypo (collaborations finalement entérinées par une véritable association sur le superbe The Correct Use Of Pets). Mais on se rend vite compte que la parenté entre les deux artistes, bien qu’évidente, est finalement assez bâtarde. Le propos d’Hypo s’était d’ailleurs quelque peu adouci au contact de la demoiselle. Et en écoutant ces New York Tracks 2001-2002, on comprend mieux pourquoi. Edh c’est la ligne claire du tout synthétique, le Tintin du lo-fi. Car même enregistré dans des conditions « home made », tout est d’une clarté, d’une évidence incroyable. Pas moins de vingt sept titres nourrissent ce premier album en forme de compilation ! Mais il est totalement réjouissant de constater que les chansons, même en étant très courtes (elles dépassent rarement les 2’30) possèdent une telle identité qu’on y rentre immédiatement.

Le format est punk, mais c’est résolument de la douceur et de la volupté qui ressortent de ces mélodies clair-obscur. Peu d’espace pour le psychédélisme ou l’ambiguïté tels que nous les connaissons chez Hypo (mis à part le délire bouchonné de « Nowords », ou l’ubuesque « Miaou »). Seules vivent de jolies mélopées en apesanteur, immédiatement assimilables, enrobées de la voix délicate et enjôleuse d’Emmanuelle de Héricourt. Les claviers sont sucrés, et à la fois assez sombres, ce qui colore le disque d’une teinte tout à fait particulière: équilibriste, Edh joue sur plusieurs tableaux à la fois, entre le easy listening jouissif et le lugubre assumé. On pense parfois à une forme de new wave 100 % synthétique, aux arômes acidulés. Bref, la Française creuse un sillon marginal, entre la pop à claviers la plus accessible et le lo-fi discret. Ces New York Tracks 2001-2002 ont finalement les mêmes vertus qu’un long bain très chaud. On en ressort totalement apaisé, on plane, et on attend qu’une chose : le prochain.


Francois-Corda
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le 11 juin 2024

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François Lam

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