Tout comme l'illustrateur Norman Rockwell, Lana Del Rey continue de sublimer avec nostalgie le rêve américain à travers ce somptueux sixième album. Un rêve aujourd'hui déchu par un monde devenu inquiétant qu'elle explique au travers de ce « fucking » au milieu du titre de l'album. « You don't ever have to be stronger than you really are. When you're lying in my arms and honey » dans California semble sonner comme un écho, comme pour montrer son incompréhension de l'Amérique actuelle. Cette nostalgie du XXème siècle qui la hante revient dans The Greatest ( « I miss Long Beach and I miss you, babe / I miss dancing with you the most of all / I miss the bar where the Beach Boys would go »). Les références aux figures incontournables d'une époque révolu ne manque pas (« 'Life on Mars' ain't just a song »). Pourtant, l'artiste semble être plus optimiste que sur ces précédents opus sur certains titres, notamment Love Song. On retrouve aussi l'élégant Mariners Apartment Complex (dont la partie visuelle a été réalisée par la sœur de la chanteuse) et son élégant piano, l'hypnotisant et incroyable Venice Bitch et le sublime Doin' Time, reprise justement du groupe Sublime qui samplait déjà à l'époque l'incontournable Summertime de George Gershwin.
Au fil des quatorze titres composants ce long album de soixante-sept minutes que l'ont ne voit même pas défiler, tout redonne espoir et l'envie de se laisser tomber amoureux (Fuck It I Love You). Ce piano bien mis en avant, comme cette voix tragédienne qui nous fait planer plus que jamais et ces arrangements signés Jack Antonoff (que l'ont a découvert avec l'album Melodrama de Lorde) font de Norman Fucking Rockwell! l'album incontournable de la rentrée et mon plus gros coup de cœur de l'année en musique.