Si Youssoupha avait déjà commencé à décrédibiliser le mouvement Hip-Hop, dans l'album "NGRTD" il pousse l'exercice plus loin en s'attaquant, dans le même temps, au courant de la Négritude.
En effet, le rappeur est un habitué des plateaux télés grâce auxquels il a pu contribuer à la transformation d'un mouvement subversif en un objet commercialisable, à nourrir les stéréotypes autour du Hip-Hop, tout en se faisant le chien de garde d'une morale qu'il prétend combattre. La promotion autour de cet album n'a pas échappé à la règle, même s'il nous aura fait grâce cette fois-ci de sa présence dans un dépotoir de télé réalité (Pop star, Star academy), il a toutefois promis d'y revenir ("J'irai danser le ndombolo pour danse avec les stars"), et il n'a néanmoins pas hésité à donner une interview à Public et à aller faire une heure de freestyle chez Skyrock - la radio dont la destruction du Hip-Hop est devenue le fonds de commerce.
Mais l'anéantissement de la culture Hip-Hop par Youssoupha ne se fait pas seulement autour de sa promotion puisqu'elle trouve son paroxysme dans les concessions formelles qu'il est prêt à faire pour passer en radio, dans sa démagogie et son moralisme : à savoir des featurings douteux (Humphrey, Casseurs Flowters..), des punchlines en carton ("J'suis beaucoup trop célèbre pour être alcoolique anonyme"), des bons mots remplissant d'espoir ses auditeurs les plus crétins ("Peu importe les défaites, tout reste possible"), des cass'ded aux plus grosses gourgandines du rap français (Gradur), une conscience politique spécieuse ("maintenant je traîne avec les enfoirés"), des pics faussement séditieux sur Zemmour visant à alimenter le buzz autour de leur procès, etc...
Mais chanter sur les cendres du Hip-Hop ne lui suffisait vraisemblablement pas, Youssoupha a donc décidé de coloniser de sa bien-pensance le courant de la Négritude. En effet si les références à ce mouvement sont rares dans l'album, celles légitimant le néocolonialisme sont légions (Homeland, Slum Dog Millionnaire, etc...), ce qui pourrait expliquer l'attrait particulier que porte certaines personnalités politiques pour ses textes. Par ailleurs, Youssoupha, dans sa campagne promotionnelle et dans son album, se gargarise du fait qu'un de ses textes a été écrit le 9 janvier dernier, se plaçant ainsi au sein de l'entreprise de récupération de ces évènements et utilisant les mêmes méthodes que les plus grands censeurs du moment afin d'obtenir une quelque visibilité médiatique.
Finalement, si Youssoupha déclare "J'rappe quelques lignes, et j'oublie tout immédiatement", on comprend alors la raison qui explique qu'il pense être le meilleur rappeur français malgré la piètre qualité de ses albums.