Un album qui fait un bien fou tant il est rafraichissant au sein de la chanson française. Quitte a embrasser la période new wave britannique autant le faire a fond, et il n'y avait que Bashung pour le faire ainsi et avec autant de personnalité (play blessure, chef d'oeuvre absolu dans un genre similaire mais un autre registre, beaucoup plus froid, anxieux et auto destructeur.) et surtout des invités de marque : Blixa Bargeld (Neubauten / Nick Cave & the bad seed) a la guitare et Colin Newman (WIRE) aux synths. Pourtant l'aspect chanson n'est pas en reste : Alcaline est peut être une des plus belles balades de la chanson française (oui), les paroles évoquent des images fortes et sont délicatement écrite par la plume de Michel Bergman (qui fut son parolier jusqu'a lors) "dehors l'incandescence n'approuve que les larmes d'un sampler", pffiou quel plaisir de la langue cette phrase.
Dès le début c'est du lourd : pyromanes est un immense banger avec des riffs d'une grande efficacité et un chant qui prend aux trippes. Puis résidences et son synth qui fait boing boing et me donne envie de sauter partout ... légère éclarcie et ce refrain débile juste jouissif, et que dire de elle fait l'avion et ces jeux de mots a la con "je veux te dominer, aux dominos..." mais c'est tellement intense et dit sérieusement qu'on est a fond dedans.
La prod est d'une grande modernité, les guitares sonnent autant organiques et atmosphériques("pyromanes") que mécaniques (elle fait l'avion, qui est basiquement du rock industriel. Oui cette boite a rythme qui tabasse, ces quelques dissonance, ces riffs simples mais qui envoie de ouf et puis ce palm mute sur le refrain ... que dire de plus ?). Et les synthés ... purée ces synthés de basse sur les 4 premiers morceaux sont aussi bien produit que du depeche mode période violator (l'apogée de la synthpop en gros).
Et la voix de Bashung ... que dire ... il est totalement maître de cet univers nocturne / crépusculaire insufflant autant une énergie rock presque théâtral (légère éclarcie : "là j'ai pied ! là j'a ipas pied....") mais d'une versalité sans faille : proxy et surtout alcaline sont d'une mélancolie délectacle et d'une très grande sensibilité, quasiment jamais vu dans sa discographie jusqu'a lors. Chacune des syllabes qu'il prononce est d'un délice et a énormément de personnalité et de versatilité : il a mené la chanson française vers autre chose selon moi, a sa manière, enfin pour ceux qui ont bien voulu emprunter sa voie.
On aime dire qu'il n'était qu'un interprète ... excusez moi, mais réunir autant de bons musiciens et proposer de tels oeuvres cohérentes et denses ça ne peut pas être que l'oeuvre d'un interprète, bashung est bien plus. Une espèce de Bowie a la française (oui j'ose le dire).
Et dire que ce n'est que son 4ème (ou 3ème, je ne sais pas, peut être du même niveau que fantaisie militaire selon les jours.) meilleur album...