Même si dans son extrême humilité Sylvain Chauveau rappelle qu’ Arca est surtout l’œuvre de son acolyte Joan Cambon, le dernier album solo de Chauveau, down to the bone, aura changé quelque peu la donne pour Arca. Le succès inespéré – et mérité de ce Tribute to Depeche Mode permettra à plus de monde de s‘intéresser à tous les projets musicaux du Toulousain. Mieux Chauveau, sur les traces de Gore et Gahan, a sans doute repris le goût du chant qui l’avait abandonné depuis bien longtemps. Ces prédispositions rejaillissent sur ce troisième album d’Arca, le plus grand public à ce jour. Mis à part deux instrumentaux, On ne distinguait plus les têtes est un album de chansons. Attention, on est encore loin de Bénabar – fort heureusement ! – le duo n’ayant aucunement abandonné les textures musicales qui faisaient tout son intérêt. Les chansons, parlons-en : interprétées sur un mode mineur, la voix de Chauveau surnageant aux dessus des guitares résonnantes et des interventions electronica, entre fluide et parasitage. L’humeur est mélancolique, Arca n’ayant jamais été maître en franche rigolade mais se décline sur plusieurs modes. Problème ici/ Maybe London ressemble à du Depeche Mode passé au concasseur d’ Aphex Twin ou de Supercilious. Break out semble avoir été composé juste après un orage, au moment où la violence est passée mais l’atmosphère est encore humide et le ciel chargé. Le plupart du temps, la musique d’Arca est comme une lente et précise mise au point, révélant petit à petit, minutieusement une photo noir et blanc, mettant à jour, dans ses plus infimes détails, toutes les gammes des gris qui donneront naissance à une image dans toute la netteté – et la beauté - de son piquet. Arca est le groupe de la nuance, d’un affinage perpétuel plus que d’une répétition. Les sons sont beaux en soi (avec une vraie batterie et des cordes sur Sunday negative). Ils se répondent et nous invitent à découvrir ces images-temps. Sur Cinématique et Angles, Arca utilisait des samples de dialogues de film ou d’actualités (ce qui encore le cas indiciellement pour Stonefall inside et Maybe Chicago) donnant un discours politique à la musique. Ce n’est plus le cas ici, peut-être car tout semble ici un peu foutu… Peut-être aussi car Arca a choisi de vivre en exprimant davantage son cœur que son intellect. Peut-être est-ce désormais un meilleur moyen pour entrer en résistance.

denizor
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le 7 sept. 2015

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