C’est grâce au film Drive et la chanson "Nightcall" que sa côte de popularité s’est envolée fin 2011. Kavinsky n’en était pourtant pas à son coup d’essai, avec déjà trois EPs à son actif : Teddy Boy en 2006, 1986 en 2007 et Blazer en 2008. Son premier album intitulé OutRun est sorti en février 2013, et c’est une réussite.
L’album démarre sur les chapeaux de roue avec "Prelude". Une voix grave raconte en anglais l’histoire du « dead cruiser ».
« C’était en 1986. Il était un adolescent comme les autres, qui rêvait
de ses héros et amoureux d’une fille. Mais pendant une nuit orageuse
le long de la côte, une mystérieuse voiture rouge vint vers lui. Son
pouvoir éclaira ses yeux d’un rouge sang. […] En un éclair, tout était
perdu dans un chaos de tôle froissée, et notre héros émergea des
décombres en feu. La voiture et lui n’étaient devenus qu’un, leurs
âmes liées pour toujours. Il errait seul dans la nuit invisible de
tous, sauf d’elle. » L’inlassable touche Kavinsky
L’inspiration principale du français de 37 ans, ce sont les voitures. C’est un leitmotiv qu’on retrouve partout : dans les titres (Roadgame, Testarossa Autodrive, The Crash, OutRun, …), dans tous les visuels qui entourent son œuvre (les pochettes, les clips) et même dans ses partenariats. Kavinsky ne prête pas sa musique à n’importe qui : deux grandes marques de voiture (BMW et Mercedes), le célèbre jeu Grand Theft Auto et évidemment Drive. Sa voiture favorite est la Testarossa de Ferrari, qu’on retrouve sur la pochette d‘OutRun.
Du coup, sa musique donne l’impression d’être lancé à toute vitesse sur une autoroute quand il s’agit de "Testarossa Autodrive" ou de se mettre en danger sur des routes de montagne sinueuses en écoutant "Roadgame". Écouter OutRun, c’est s’embarquer dans un périple tumultueux et un enchevêtrement d’ambiances automobiles. "Suburbia", l’un des meilleurs titres, est très calme et enrichi de rap. On se croirait en patrouille dans une banlieue mal famée des États-Unis au volant d’une vieille Mercedes avec quelques potes, à la recherche d’un mauvais coup. Un aperçu des paroles (en anglais à l’origine) : « Je prends vie dans ma voiture super rapide / Cette vie, sera-t-elle un jour la nôtre ? / Ma Testarossa a la même couleur que Mars / Attache ta ceinture, tu roules avec une star. »
Recyclage et légende urbaine
On se laisse guider, il prend les commandes et on ne peut que le suivre. Tous les titres d‘OutRun sont excellents, toutefois, on peut déplorer le fait que quatre morceaux soient du recyclage. Pour ceux qui découvrent ce n’est pas un problème mais pour ceux qui connaissaient déjà son travail, découvrir qu’il a inclus "Dead Cruiser" (présent sur Blazer), "Testarossa Autodrive" (présent dans Teddy Boy), "Grand Canyon" (dans Blazer aussi) et "Nightcall" (sorti en single et sur la BO de Drive) est assez décevant. On aurait adoré quatre morceaux tout neufs en plus.
Le dernier titre est Endless et la voix du début termine l’histoire du « dead cruiser » :
« On dit que le battement d’aile d’un papillon peut changer le destin,
que les routes parfois reprennent ce qu’on leur donne, que le
véritable amour ne meurt jamais, et maintenant vous savez comment la
légende du dead cruiser est née. » La musique retentit, un fond de
basse puissant survolé d’une petite mélodie de quatre notes aiguës en
boucle. On arrive à destination, c’est la dernière ligne droite. «
Mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’il y a un fossé entre les
vivants et les morts, certains disent qu’ils ont vu le dead cruiser,
dans un éclair de lumière, ou dans un virage sombre d’autoroute.
Certains disent que ce n’était qu’un gamin, qui a rencontré son destin
dans un accident flamboyant. Mais n’importe qui d’assez fou pour aller
s’aventurer sur cette route traîtresse doit savoir une chose : on ne
peut pas faire marche arrière. »
A la fin de cet album, une seule question : à quand un deuxième ?