Oxymoron, entre histoire de drogue et contradictions
Très fervent du clan TDE, la crème de la crème de cette nouvelle génération, Oxymoron était sans aucun doute l'un des albums que j'attendais le plus en cette année 2014. Ambitieux voire même prétentieux, ScHoolboy Q a déclaré que, de par l'impact de good kid, m.A.A.d city, il n'a pas eu d'autres cHoix que de sortir un nouveau classique. Le pari est lancé, mais aussi très risqué...
Je vous expose le synopsis. Pour faire simple, c'est l'histoire d'un jeune californien destiné à vendre de la drogue, plus particulièrement de l'oxycodone, d'où le titre de l'album, mais qui a finalement décidé de briser ce destin et de prendre sa vie en main après la naissance de sa fille.
L'intro "Gangsta" commence fort et nous plonge directement dans l'univers de Q, le morceau est sombre tout comme les 3/4 du projet, la pocHette de l'album exprime d'ailleurs très bien cet aspect. À mon sens, PHarrell a encore ce génie et cette fameuse recette pour faire d'un simple morceau un véritable banger, en l'occurrence "Los Awesome" qui est selon moi la "tuerie" de l'album, le morceau se distingue effectivement par une production explosive où Q adopte un superbe flow à la T.I. / Pusha T (la ressemblance est assez frappante). Bien entendu, j'attendais encore une fois le couplet de Jay Rock qui m'avait foutu une sacrée gifle dans "Money Trees", sur ce coup c'est certes moins bon mais ça reste convenable, il est toujours aussi efficace en tant que guest et c'est toujours un plaisir de l'écouter, à quand un nouvel album ?
Ce qui est sûr c'est qu'on ne peut pas reprocHer à Oxymoron de manquer de matière, il puise notamment sur un style alternatif mais aussi sur quelques ambiances rock, "Hoover Street" en ait la preuve même, mais cet Oxymoron me parait très long, quelques morceaux sont inutiles. À la manière de "Sing About Me, I'm Dying of THirst", Q sépare un morceau en deux parties : "Oxymoron" et "Prescription", ce dernier morceau n'est pas sans rappeler "I'm Dying of THirst" par rapport au flow choisi par le MC qui est pratiquement semblable à celui de K. Dot. Sur ce morceau, Q développe en deux couplets son passé d'anciens dealer de drogue et sa dépendance, on entend même sa fille au refrain lui demander : « What's wrong, daddy?! Wake up! Wake up! », « What's wrong you tired? You mad? Ok, I love you daddy. » En revancHe, "Oxymoron" est limite médiocre selon moi, j'ai été déçu en sacHant que c'est le titre éponyme et qu'il devrait servir de fil conducteur à l'album, c'est plus le flow et la production que je n'ai pas vraiment apprécié mais je trouve le texte particulièrement bon et profond. Je dois dire que j'ai eu un faible pour la production de Mike Will Made It sur "What THey Want", ce morceau n'est pas mauvais en soi mais pourquoi avoir mis 2 Chainz sur ce titre ? Son couplet est tellement mauvais, quel gâcHis, d'ailleurs ça me rappelle la grossière erreur d'Harry Fraud qui avait sacrifié cette superbe production à gros calibre qu'était "SHot Caller" à FrencH Montana, pourquoi faire poser des rappeurs médiocres sur de telles beats en sacHant qu'ils ne le méritent même pas ?
En samplant "Las Vegas Tango" de Gary Burton, LordQuest signe là l'une des meilleures productions de l'album (juste après le puissant "Los Awesome") avec "Blind THreats", c'est selon moi le morceau le mieux écrit où ScHoolBoy Q et Raekwon retranscrivent des récits de rues entre violences et références religieuses (« The Ten Commandments, I can mark five checks / But I sense flaws, the Bible preaching blind threats »), le son est notamment remplit de métaphores (« Washing my sins off in hell's water / Feel like the Bible told me lies as I pray to 'em », « Uh, will you answer me? Take me out of hell and make plans for me? ») mais aussi de quelques images (« Hope to get to heaven 'til that day arrive / Running through the ally, hope the bullet don't collide / Car window shattered, glass on my right side / Dogs bark in the backyard, root for me »), on retrouve une ambiance assez procHe de son album précédent Habits & Contradictions et, selon moi, ce morceau est une sorte de remake de "m.A.A.d city" de Kendrick Lamar avec MC EiHt.
SchoolBoy Q et Suga Free jouent les rôles de "pimps" dans l'excellent "Grooveline Pt. II" avec une production très laid back de Tae Beast et Frank Dukes me rappelant les premiers albums de 8Ball & MJG ou de DJ Quik, ce titre a respecté la version précédente "Grooveline Pt. I" qui avait également cette ambiance douce et agréable, et c'est bien le seul et unique morceau qui nous transporte à Los Angeles et ses mythiques lowriders, on a ici un premier retour aux sources de la part du rappeur. Quant à "THe Purge", ce morceau est plutôt intéressant et paraît avoir un style Horrocore notamment par le fait que Q ait choisit Tyler, tHe Creator et Kurupt, deux protagonistes du style Hardcore sur cet album, notons aussi le concept brillant abordé sur ce titre : Kurupt tient le rôle du vétéran, de l'ancien rappeur West Coast, ScHoolBoy Q joue quant à lui le rôle de la nouvelle génération de la West Coast, tandis que Tyler, originaire de Los Angeles, est celui qui a popularisé le rap alternatif issus tout droit de la côte ouest grâce à son célèbre crew Odd Future.
Les deux singles "Collard Greens" et "Man of the Year" sont très efficaces et toujours aussi bons à écouter, même si "Yay Yay" ne m'a pas vraiment convaincu à la première écoute, je le range parmi les morceaux inutiles (avec le très agaçant "Fuck LA"), heureusement qu'il n'est que dans l’édition deluxe soit dit en passant. Aussi, on retrouve un AlcHemist en pleine forme sur "Break the Bank" où Q s'essaie même au cHant. Mais que dire de "His and Her Friend" qui est d'une incoHérence surprenante, la production loufoque produite par Rocket s'oppose au timbre de SZA (symbole de l'oxymore, qui sait), son talent n'est pas assez bien exploiter à l'inverse de l'excellent morceau "Ronnie Drake" où elle avait poser avec Isaiah RasHad, nouveau poulain de TDE. Mention spéciale tout de même à "Hell of a Night" que j'ai particulièrement apprécié, mais aussi "Studio" avec le très talentueux et prometteur BJ THe CHicago Kid.
En conclusion, l'album est plutôt bon et le côté gangsta/alternatif est bien mis en lumière. J'ai quand même été déçu par moment et j'ai été surpris par quelques productions, le seul inconvénient c'est que c'est un projet manquant d’Homogénéité selon moi, mais j'ai globalement été satisfait.
« In fact, "we livin' to die" is a contradiction. »
Lyrics : 4/5
Beats 4/5
Flow : 4,5/5
Thèmes : 3/5
Construction : 4/5
Homogénéité : 2,5/5
1. Gangsta - ★★★☆☆
2. Los Awesome - ★★★★★
3. Collard Greens - ★★★★★
5. What They Want - ★★★★☆
6. Hoover Street - ★★☆☆☆
7. Studio - ★★★★★
8. Prescription / Oxymoron - ★★★★☆
9. The Purge - ★★★★★
10. Blind Threats - ★★★★★
11. Hell of a Night - ★★★★★
12. Break the Bank - ★★★★☆
13. Man of the Year - ★★★★★
14. His & Her Fiend - ★★☆☆☆
15. Grooveline Pt. 2 - ★★★★☆
16. Fuck LA - ★★☆☆☆