Après Martin Gore, c'est au tour de Dava Gahan de sortir son album solo. Plus étonnant car on savait la chanteur peu enclin à livrer ses propres compositions. Dave s'est donc battu longtemps contre lui-même (d'où le titre de l'album) pour finalement accoucher d'un petit chef d'oeuvre. Il a trouvé durant ses tergiversations le collaborateur idéal en la personne de Knox Chandler et un producteur de choix, Ken Thomas (Sigur Ros). On cherchera les réminiscences de Depeche Mode dans ses 10 titres ; pour s'apercevoir qu'elles sont ici diluées dans la propre personnalité de Gahan. Paper Monsters ne sera donc pas un ersatz du groupe multiplatiné mais bel et bien une oeuvre à part entière de Gahan. Il y a aura bien ça et là des rappels 80's (Hidden Houses... plus Cure que DM) mais l'ambiance est toute autre. Prolongeant les approches de Personnal Jesus, Gahan délivre une mise à jour d'un blues urbain et moîte à grands coups de slide guitare (Dirty Sticky floor, Bottle living). Plus loin et n'ayant pas peur des contradictions, Gahan sera vaporeux (A little piece) ou carrément en lévitation (Stay). L'Anglais excelle dans ses ambiances atmosphériques ou dans des arrangements amples et somptueux (Bitter Apples). Mais c'est encore Black and blue again qui forcera le respect : parti sur une voie roots et bottleneck, le morceau se pare bientôt de cordes dignes de Will Malone. Black and blue again devient l'équivalent d'un Unfinished sympathy ou d'un Check the Meaning et Gahan le frère de cordes de Richard Ashcroft. Ce morceau mixe avec brio deux ambiances antinomiques : Gahan a ainsi les deux pieds sur le bitume et la tête dans les étoiles. Mais n'est-ce pas là la définition même d'un artiste ?